Transfiguré depuis plusieurs semaines, Luka Modric est passé en un an du statut d'erreur de casting au Real Madrid à celui de chouchou du public merengue, qui apprécie son inlassable activité dans l'entrejeu et sa capacité à transpercer les lignes adverses. L'absence du milieu croate, suspendu samedi contre Elche en Championnat d'Espagne (3-0), s'est beaucoup ressentie dans la fluidité du jeu du Real, signe de son influence croissante dans le dispositif de l'entraîneur Carlo Ancelotti. Car Modric, avec sa technique et son abattage, est désormais un élément-clé du onze madrilène et devrait être titulaire mercredi soir en huitième de finale aller de la Ligue des champions contre Schalke 04 (19h45 GMT). Au vu de son excellent début d'année 2014 et des ovations que lui prodigue le stade Bernabeu, on s'interroge: est-ce bien le même joueur qui, en 2012, avait été élu pire transfert de l'année par les internautes du journal madrilène Marca ? "Je suis très fier que les supporteurs aient scandé mon nom", a réagi le milieu de 28 ans début février après la victoire contre Villarreal en Liga (4-2). "C'est quelque chose d'incroyable et je me sens très bien ici." Luka Modric forme cette saison un duo très complémentaire avec Xabi Alonso dans le 4-3-3 du Real: l'Espagnol ratisse, imprime le tempo et oriente le jeu tandis que le Croate provoque et apporte le surnombre en attaque, sans pour autant négliger les tâches défensives. Le déclic à Manchester "L'équilibre n'est pas le fait d'un seul joueur mais de l'équipe toute entière quand elle travaille beaucoup. Modric le fait et l'ovation qu'il a reçue du Bernabeu est méritée", fait valoir Ancelotti. "Quand l'équipe adverse est très regroupée derrière, la possibilité (qu'il offre) de générer des un contre un nous donne davantage de chances." On est loin du footballeur à la peine pendant ses premiers mois à Madrid en 2012 après un transfert estimé à une quarantaine de millions d'euros en provenance de Tottenham. "Je ne peux certainement pas être complètement satisfait de mon rendement", avait reconnu le Croate en février 2013. "Me mettre au niveau physiquement est ce qui m'a le plus coûté." Puis il y a eu un déclic, avec ce but égalisateur en mars 2013 sur la pelouse de Manchester United (1-2), qui a permis au Real de se qualifier en quart de finale de la Ligue des champions. Après quoi, le départ de son concurrent Mesut Özil et l'arrivée d'Ancelotti ont définitivement relancé le milieu international (72 sélections). Modric, endurci par les critiques, donne désormais sa pleine mesure à quelques mois de disputer le Mondial avec la Croatie dans le groupe A, celui du Brésil. Et sa montée en puissance coïncide avec celle du Real, invaincu en 2014 et leader en solitaire de la Liga. "C'est un grand joueur et cette année il joue de manière incroyable", a dit le jeune milieu merengue Asier Illarramendi ce week-end. "Il est très apprécié dans le vestiaire et c'est vraiment un chic type." Un transfert à prix d'or de Tottenham, des débuts laborieux, puis l'épanouissement: et si Modric était le modèle à suivre pour un certain Gareth Bale ?