Le brûlot anti-Bush du cinéaste Michael Moore est sorti vendredi aux Etats-Unis. Les critiques de la part du gouvernement fusent de toutes parts, mais Michael Moore est déterminé à ne pas baisser les bras. Palme d'Or à Cannes, Fahreinheit 9/11 de Michaël Moore est enfin sorti aux Etats-Unis. Une sortie non sans peines puisque ce documentaire de deux heures qui critique le gouvernement Bush a été vivement combattu. Ses détracteurs sont principalement les hommes de la Maison-Blanche, qui voient en ce documentaire une façon d'encourager l'élection des démocrates plutôt que la réélection de G.W.Bush. Pour beaucoup, ce documentaire se lit comme un film de propagande pour le Parti démocrate, même si son auteur s'affirme politiquement indépendant. En effet, cette sortie coïncide avec l'approche des elections présidentielles aux Etats-Unis qui auront lieu dans quatre mois. Le cinéaste a, répété qu'il espérait contribuer à la défaite de l'occupant de la Maison-Blanche. Et, ironie du sort, tandis que Moore expose peut-être les images les plus crues du conflit en Irak jamais vues aux Etats-Unis, un sondage publié vendredi par USA Today montre que, pour la première fois, une majorité d'Américains (54 %) estime que c'était une erreur d'envoyer des troupes à Bagdad. «Plus que le film lui-même, c'est le débat qu'il génère sur l'Irak et sur Bush qui peut avoir une influence sur la course à la Maison-Blanche, déclare Robert Shapiro, expert politique à Columbia University. A sa sortie vendredi dernier aux Etats-Unis, Fahrenheit 9/11 a rapporté entre 8,2 et 8,4 millions de dollars de recettes (entre 6,7 et 6,8 millions d'euros) pour son premier jour d'exploitation aux Etats-Unis ont annoncé samedi ses distributeurs. Le film a été exploité dans plus de 800 salles dans tout le pays, deux fois plus que pour le précédent de Michael Moore, "Bowling for Columbine", qui a rapporté 21,6 millions de dollars (17,7 millions d'euros) aux Etats-Unis, un chiffre rare pour un documentaire. "Fahrenheit 9/11" pourrait faire mieux si les chiffres de recettes de vendredi se confirmaient au cours des jours à venir. Il apparaît donc que ce film a eu beaucoup de succès auprès des spectateurs, cependant, ses détracteurs continueront à lui mettre les bâtons dans les roues. En effet, le film reste interdit aux moins de 17 ans non-accompagnés, malgré les efforts des distributeurs. Pour cause de langage cru et d'“images violentes et choquantes”, Irakiens brûlés au napalm ou décapitation publique en Arabie saoudite. Une interdiction de la censure qui pourrait en tout cas lui faire perdre 10 à 20% d'entrées, selon IFC. Mais ce n'est pas tout, jeudi, le mouvement conservateur Citizens United a demandé aux autorités fédérales d'ouvrir une enquête pour déterminer si la diffusion à la télévision des publicités pour le film ne violait pas les règlementations en matière de financement des campagnes électorales. C'est là une «tentative évidente de la part d'un groupe de droite sponsorisé par les républicains d'empêcher les gens de voir mon film» déclare Michael Moore, et d'ajouter «M'empêcher de faire la publicité de mon film est une violation de mes droits constitutionnels». Interdit donc de publicité, Michael Moore n'a pas eu le droit de posséder une affiche de son film. Les propriétaires des salles de cinéma, aux Etats-Unis se sont contentés d'écrire le titre du documentaire, en guise d'affiche. Décidément tout le monde semble être contre Moore. Mais cela, ne va guère l'empêcher de poursuivre sa bataille. Le cinéaste compte apparemment "consacrer une grande partie de son temps jusqu'à l'élection présidentielle à essayer de mobiliser les gens pour qu'ils votent surtout dans le Michigan, l'Ohio, et la Floride. Ces trois Etats pourraient êtres décisifs pour gagner la Maison-Blanche en novembre.