Des cadres de la Douane ont décidé de poursuivre en justice leur Direction générale pour mutations abusives. Ils affirment avoir été victimes d'un complot visant à les faire éloigner pour avoir la mainmise sur l'Association douanière marocaine dont ils sont responsables. Le Tribunal administratif de Casablanca a décidé, hier, de reporter au 7 juillet prochain, le procès opposant une trentaine de cadres de l'Administration des douanes à leur Direction générale. Le report a été décidé par la Cour suite à la requête formulée par l'avocat de la Douane demandant un délai pour étudier la plainte et préparer sa défense. L'affaire remonte au début du mois courant lorsque la direction générale des douanes a décidé de réaffecter une trentaine de ses cadres dans d'autres villes du Royaume. Cette décision leur a été communiquée par la Direction des ressources humaines, le 2 juin courant, et leur demandait de rejoindre leurs nouveaux postes le 21 du même mois. Estimant qu'il s'agit d'une mesure abusive, les concernés décidèrent de recourir à la justice afin d'en obtenir l'annulation. Et, en attendant l'aboutissement de l'affaire, leur défense a déposé une plainte devant le juge des référés près le tribunal administratif pour bloquer l'exécution de la décision. Le président de l'Association douanière marocaine (ADM), Mohamed El Mouaffak, explique que les plaignants ont décidé de recourir à la justice par ce qu'ils estiment qu'ils ont fait l'objet d'une sanction déguisée entrant dans le cadre de règlement de comptes et qui vise essentiellement à déstabiliser la gestion de l'ADM. "Depuis mai dernier, nous assistons à une volonté de plomber notre structure de l'intérieur", affirme-t-il. Pour lui, ce recours à la mutation de ces cadres répond à une intention réelle de perturber le fonctionnement de l'Association des douaniers et à préparer le terrain devant certains membres de la direction générale pour qu'ils puissent avoir la mainmise sur l'ADM. Son argument principal est que les mutations, outre le fait qu'elles soient contraires à la réglementation en vigueur, ont spécialement affecté les membres du bureau de l'Association douanière et certains représentants du personnel. Ainsi, parmi les personnes mutées, on citera, à titre d'exemple, le président de l'ADM, qui a été réaffecté à Safi, et le secrétaire général de la même association, Omar Siyas, qui a été destiné à Oujda. Dans le même cadre, les responsables du club de natation, qui fait partie des projets réalisés et gérés par l'ADM, ont eux aussi été affectés dans d'autres villes comme Al-Hoceïma, Oujda ou Settat. Par ailleurs, cette décision de la Direction générale de la douane, collectivement contestée par les concernés, a été prise à quelques jours de la réélection du bureau central de l'ADM qui aura lieu le 29 juin. Pour les membres dudit bureau, cela vise à les éloigner afin de s'assurer de leur absence le jour de cette élection et d'empêcher ainsi qu'ils soient réélus. C'est pour cela, affirment-ils, que la décision a été prise le 2 juin et spécifiait qu'ils devaient se présenter aux nouveaux postes le 21 du même mois. S'agit-il d'une simple décision ordinaire dictée par des besoins de service ou d'un véritable coup monté par la Direction générale dans l'objectif d'accaparer l'association ? En tout cas, il y a trop de coïncidences qui laissent sentir l'existence d'un règlement de comptes. Mais, qui pourrait être derrière une telle manipulation si jamais elle existait réellement ? Répondant à cette question, le président de l'Association douanière n'y va pas par quatre chemins. Selon lui, le directeur général serait derrière toute cette opération qu'il aurait montée grâce à la directrice des ressources humaines et de la programmation. "L'actuel directeur général est plutôt réputé pour ses actions anti-action sociale", explique M. El Mouaffak avant de rajouter que "les basses manœuvres orchestrées par sa directrice des ressources humaines ont pour seul objectif de mettre la main sur l'Association douanière marocaine". Pour lui, et c'est l'avis de tous les plaignants, affirme-t-il, "cette dame (la directrice des ressources humaines) essaye par tous les moyens de constituer un clan favorable à son approche, obéissant aux moindres vœux de la direction". Mais que répond la Direction générale face à ces accusations ? Rien. Contacté par nos soins afin d'obtenir sa version sur cette affaire, le cabinet du directeur général a répondu que le patron des douanes marocaines se trouvait actuellement en mission à l'étranger et qu'il ne pouvait donc pas répondre à nos questions mais on nous demanda de contacter la directrice des ressources humaines qui, selon notre interlocuteur, était aussi chargée de la communication. Mais, la directrice des R.H. était en "réunion à l'extérieur", nous a affirmé son secrétariat. Face à notre insistance, on nous a promis qu'elle prendrait attache avec notre rédaction dès son retour, ce qui n'a pas eu lieu. En somme, la Direction générale des douanes n'a pas daigné répondre aux accusations formulées à son égard par les cadres qui affinement avoir été victimes d'une mutation abusive. En tout cas, tous les éléments de l'affaire semblent indiquer que la décision prise à leur encontre par la Direction générale, le 2 juin, aurait été dictée par des considérations autres que celles affichées officiellement par la Direction des ressources humaines.