L'opération de Beni Mellal a permis, lundi, la neutralisation de cinq individus soupcçonnés d'être liés aux attentats de Casablanca. bilan, quatre blessés et un mort. Récit d'une journée que les habitants de cette ville paisible ne sont pas prêts d'oublier. Des sabres contre des armes à feu. Le même scénario se répète chaque fois que les forces de l'ordre procèdent à l'arrestation de terroristes. Cette fois-ci, le hasard a été pour beaucoup dans l'opération de Béni Mellal. Brahim Hamdi, un recherché pour des actes terroristes en relation avec les attentats du 16 mai, avait quitté Casablanca pour s'établir à Béni Mellal. Il espérait échapper à la police en se fondant dans la population d'une petite ville, connue pour un taux moyen de criminalité, mais réputée hostile aux thèses des salafistes. M. Hamdi, âgé de 31 ans, pensait que le temps avait fini par donner raison au choix de sa planque. Il a même poussé la confiance jusqu'à narguer la police et la gendarmerie au pas de leurs portes. C'était sans compter avec la mémoire d'un motard. Ce dernier quittait la caserne de la Gendarmerie royale, vers 14 h, quand il a été interloqué par un jeune homme. Il l'avait déjà vu. Mais où? Le motard allait reprendre son chemin, quand il a eu soudain une illumination. C'est peut-être l'un des recherchés dans le cadre des attentats de Casablanca. Le gendarme est retourné à la caserne et a consulté les fiches des personnes recherchées. Impossible de se tromper : le jeune homme qu'il venait de croiser est Brahim Hamdi. Il en a informé ses supérieurs qui ont dépêché une brigade d'intervention pour arrêter le dangereux promeneur. Le mis en cause a été arrêté immédiatement après que le gendarme l'a reconnu. Il portait une fausse carte d'identité sur laquelle il a apposé sa photo. La fouille a permis de saisir en sa possession une quittance de loyer relative à une maison, située au quartier Bouaâchouch. C'est l'adresse de la maison où la descente des forces de l'ordre, composées de gendarmes, d'agents de la police et des forces auxiliaires ont fait une descente. Leur descente a été fortement remarquée par les habitants du quartier populaire de Bouaâchouch. Les étroites ruelles n'ont pas permis aux véhicules d'avancer. A pied, les agents ont progressé dans un tohu-bohu indescriptible. Les habitants se sont attroupés autour d'eux et étaient déterminés à prendre part à l'opération. Alertés par le bruit, les quatre locataires de la maison qui figuraient sur la quittance retrouvée dans la poche du pantalon de M. Hamdi ont pris la fuite. Ils ont couru sur les terrasses des maisons tout en lançant de nombreux projectiles sur leurs assaillants : des pierres, des bouteilles en verre. Certains projectiles ont atteint les éléments de la police où on ne dénombre toutefois aucun blessé grave. Un mokaddem n'a pas eu cette chance, puisqu'il a été blessé au crâne. Acculés dans une terrasse où ils ne pouvaient plus fuir, les quatre fuyards ont fait face aux forces de l'ordre en brandissant des sabres et des couteaux. L'un d'eux, Mohamed Lemnaouar, né en 1979, a même chargé les agents qui ont fait usage de leurs armes de service. Mortellement blessé, Mohamed Lemnouar a succombé en proférant des menaces contre les forces de l'ordre. Il est le frère de Mourad Lemnouar, arrêté dans l'opération de Sidi Lkhadir à Casablanca. Les autres fuyards se sont rendus une fois seulement qu'ils ont été blessés. Abdelaziz Jabour, né en 1984, a été blessé à la main et au pied droit. Youssef Chakri, né en 1984, a été atteint par deux balles, l'une s'est logée dans l'aisselle et l'autre au ventre. Quant à Tarik Farssi, né en 1980, il n'a pas pu continuer sa course : une balle l'a blessé au genou droit. Au reste, la résistance des quatre membres de la bande de Brahim Hamdi rappelle le même scénario des arrestations de Fès, Casablanca et Berrechid. A chaque fois, les forces de l'ordre sont confrontées à une résistance à l'arme blanche. A chaque fois, ils évitent miraculeusement le pire. A chaque fois, les habitants interviennent dans l'espoir de leur prêter main-forte. La leçon ne semble pas avoir été retenue du cafouillage qui a caractérisé les précédentes opérations. Aujourd'hui, il est plus que jamais nécessaire de réfléchir à la création d'unités spéciales, capables d'intervenir dans ce type de situation avec discrétion, fermeté et professionnalisme.