Le ministère de l'Intérieur vient d'affecter le marché de la campagne de communication sur la généralisation de la CIN et sur l'exercice des droits civiques des électeurs. Modernité, intégrité et transparence sont les mots d'ordre des pouvoirs publics. Les électeurs échaudés par des années de déviances, valideront-ils cette nouvelle approche ? C'est une démarche dont il faut prendre acte. L'initiative du ministère de l'Intérieur de recourir à deux agences conseil en communication (Boomerang Ogilvy et Klem Euro RSCG) à l'issue d'une compétition pour sensibiliser les électeurs avant les législatives fera certainement date dans l'histoire de la vie politique marocaine. Tous les ingrédients d'une volonté d'ouverture du département de Driss Jettou sont réunis. N'est-il pas vrai que la communication participe elle aussi à la transparence des élections ? En quoi consiste la communication initiée par le ministère ? Elle porte sur trois axes différents. Le premier concerne la généralisation de la carte d'identité nationale. Cela fera l'objet d'une grande campagne qui sera menée par Boomerang Ogilvy. Concernant les deux autres axes, ils portent sur la sensibilisation et la formation des électeurs à la veille des législatives. Les campagnes autour de ces questions ont été confiées l'agence Klem Euro RSCG. Compte tenu de la nature de la communication entreprise par le ministère de l'Intérieur, nous avons demandé aux deux agences retenues de nous faire part de la démarche qu'elles ont entreprise dans le traitement des thématiques auxquelles elles ont été confrontées ? Selon Meriem Babed, directrice de développement de Boomerang Ogilvy, «notre campagne mettra en avant les avantages liés à la carte d'identité nationale. Celle-ci sera véhiculée essentiellement en langue arabe compte tenu de la cible visée». Les spots de télévision sont en cours de finalisation. Ils seront diffusés sur les chaînes nationales à partir de lundi prochain. Au-delà des médias classiques (télévision, radio, presse écrite, etc.), des supports hors média seront également utilisés. Ainsi, des actions sur le terrain seront entamées par le ministère de l'Intérieur accompagnées par les équipes de l'agence pour délivrer des cartes d'identité nationales sur place. Mme Babed précise par ailleurs qu'il s'agit bel et bien d'une problématique particulière dans la mesure où il s'agit d'une action de communication à caractère civique. «Nous avons fait appel à des experts issus de différents horizons pour nous faire part de leurs points de vue pour cerner cette problématique. C'est à partir de là que nous avons élaboré la stratégie», ajoute-t-elle. Pour Karim Bouzida, directeur général adjoint de Klem Euro RSCG, «la problématique autour de la sensibilisation et la formation ne constitue pas une première dans la mesure où elle a été toujours omniprésente au moment des élections quelque soit leurs natures. C'est la communication conçue professionnellement autour de cette thématique qui représente un fait nouveau». Ce publicitaire avance que : «l'agence a abordé cette question comme n'importe quelle problématique liée à la communication». Et de préciser qu' : «à travers les briefs assurés par les responsables du département de l'Intérieur, nous avons pris le temps nécessaire pour cerner cette thématique. Ainsi nous avons fait appel à des compétences pluridisciplinaires». En attendant la diffusion des campagnes, les professionnels de la communication et les observateurs s'accordent à dire que la démarche du ministère de l'Intérieur s'inscrit dans le renouveau. Dans la mesure où elle ouvrira la voie aux autres acteurs de la vie politique et octroiera de nouveaux marchés aux professionnels de la communication. Ces perspectives semblent correspondre aux prévisions aussi bien par les responsables de Boomerang Ogilvy que de Klem Euro RSCG. Mme Babed s'attend à ce que l'initiative du ministère de l'Intérieur soit accompagnée de celle des partis politiques. Dans le même ordre d'idées, M. Bouzida laisse entendre qu'il est temps que les partis franchissent le cap de la communication politique. Reste maintenant à savoir comment les formations politiques vont réagir. Il semble que plusieurs d'entre elles aient déjà noué des contacts avec des professionnels de la communication.