Dans le souk «Izdihar», à Bab Doukkala, des naissances illégitimes ont eu lieu et des nouveau-nés y sont abandonnés par de jeunes mères désespérées. En 1984, le conseil municipal décide la destruction des baraques installées autour de la place Djemâa El Fna. Tous les Marocains et les Marrakchis, en particulier, se rappellent de cette épopée où le commerce était florissant. Or, Djemâa El Fna était initialement, destinée à promouvoir une activité ancestrale, socio-éducative, qui consiste à pérenniser un patrimoine culturel oral. Il s'agit de la Halqua que nous avons évoquée précédemment (voir A.L.M des 11 et 12/05/2002). Près de 400 commerçants ont transféré leurs effets au souk « Jdid » à quelques pas de la place, sauf les 28 bouquinistes. Ces derniers exercent leur métier de génération en génération depuis des siècles, à telle enseigne que la Koutoubia tire son nom de leur présence, autrefois, autour d'elle. Transférés à plusieurs reprises, les marchands du savoir prennent leur mal en patience et supportent tant bien que mal les frais que l'aménagement de nouvelles boutiques leur impose à chaque déplacement. Leur calvaire prit fin lorsque le conseil municipal leur affecte des magasins au souk Izdihar. Situé derrière la gare routière voyageurs, à quelques mètres des remparts de Bab-Doukkala un des quartiers les plus populeux de Marrakech, ce souk est composé de 286 magasins destinés à divers commerces. Ces magasins sont disposés en allées étroites constituant un labyrinthe dont l'issue est souvent difficile à trouver ou qui se termine en cul de sac. C'est pour ces raisons que la plupart des attributaires ont presque tous gardé baissés leurs rideaux. Le marché connaît alors une activité différente de celle à laquelle il était prédestiné. Des familles entières, en mal de logement, prennent d'assaut les magasins vides, parfois moyennant un loyer plus ou moins élevé, souvent en squattant les locaux jusqu'à l'apparition de leurs propriétaires. Toutes ces personnes vont vivre dans des conditions insalubres ce qui va donner lieu à la prolifération de la délinquance et de la débauche, marquées par de fréquentes beuveries et des bagarres. Des témoins ont annoncé à A.L.M que des naissances illégitimes eurent lieu dans ce marché et des nouveau-nés y sont abandonnés par de jeunes mamans désespérées. C'est alors que les autorités et le conseil municipal de la Ménara ayant pris conscience de la dangereuse déviation des activités du marché, décident sa destruction pour créer à son emplacement un espace vert dit-on. Mais cette décision provoque l'ire des commerçants du souk Izdihar à laquelle ni le conseil municipal de la Ménara, ni les autorités ne prêtent attention. En effet, à part les 28 bouquinistes, tous les autres bénéficiaires n'ont jamais payé de loyer depuis 1984 à ce jour. Mais où étaient les responsables durant toute cette période ? Est-ce une raison pour ne pas indemniser les commerçants expulsés ? En attendant des réponses à ces questions, les 28 bouquinistes continuent à exposer leur livres dans un amas de gravats et de poussière.