Bien que la Maison-Blanche assure qu'il était impossible de concevoir que des avions de ligne pouvaient être utilisés comme des bombes volantes, la CIA disposait déjà en 1999 d'un rapport évoquant une menace très semblable. Le document laissait entendre qu'Oussama Ben Laden pourrait tenter de venger « de façon spectaculaire » les tirs de missiles américains de 1998 contre les camps d'entraînement du réseau Al-Qaïda en Afghanistan. «Des kamikazes appartenant au bataillon des martyrs d'Al-Qaïda pourraient précipiter un avion rempli d'explosifs (...) contre le Pentagone, le quartier général de la CIA ou la Maison Blanche », indiquait le rapport. Ce document avait été établi par le centre de recherche sur les armes de la bibliothèque du Congrès à la demande du Conseil national de renseignement, qui dépend du directeur de la CIA, George Tenet. Elément parmi d'autres au sein du vaste ensemble des études sur le terrorisme, il avait été rendu public de longue date et peut encore être consulté sur Internet (http://www.loc.gov/rr/frd/sociology-psychology%20of%20terrorism.ht). Reste que ses mises en garde ont soulevé de nouvelles questions, vendredi, alors que la polémique au sujet d'une éventuelle négligence des signes avant-coureurs du 11 septembre de la part du gouvernement battait son plein. L'administration Bush a admis cette semaine que le président avait reçu, dans les semaines précédant le 11 septembre, des informations selon lesquelles le réseau Al-Qaïda pourrait tenter de détourner des avions de ligne. « Je ne pense pas que quiconque pourrait avoir prévu que ces personnes allaient prendre un avion pour le faire s'écraser contre le Wolrd Trade Center, en prendre un autre et le faire s'écraser sur le Pentagone », avait déclaré jeudi Condoleezza Rice, la conseillère pour la sécurité nationale du président George Bush. Elle a ajouté que les compagnies aériennes avaient reçu plusieurs avertissements au sujet de ces menaces. Ari Fleischer, le porte-parole de la Maison Blanche, a quant à lui, minimisé la portée du rapport de 1999, affirmant qu'il s'agissait d'une étude sur les intentions des terroristes sans lien spécifique avec des renseignements. Il a toutefois avoué ne pas en avoir eu connaissance avant cette date, notant au passage que les membres du Congrès qui ont appelé à la constitution d'une commission d'enquête auraient également pu le consulter. Poursuivant l'offensive, des élus démocrates ont en outre fait savoir que les pilotes et les équipages des compagnies américaines n'avaient pas été mis au courant des avis transmis par le gouvernement.