Après sa constitutionnalisation il y a deux ans, la question amazighe vient de franchir un nouveau pas qui s'inscrit désormais contre son exclusion politique. Samedi dernier, quelque 125 membres d'associations amazighes se sont donné rendez-vous à Rabat pour une première assemblée de la Fédération nationale des associations amazighes (FNAA). Même s'il est perçu comme une forme de canalisation des revendications des défenseurs de l'amazighité, ce nouveau réseau d'ONG amazighes fait désormais office d'une structure officielle au lieu des anciennes coordinations rassemblant les défenseurs de l'amazighité au Maroc. Ce congrès constitutif, organisé par le Réseau amazigh pour la citoyenneté «Azetta Amazigh», a été couronné le même jour par l'élection des instances de la nouvelle structure : un conseil fédéral composé de 44 membres qui, à son tour, a élu en son sein un Bureau fédéral composé de 9 membres. Parmi ces derniers, on retrouve Ahmed Arehmouch au poste de coordinateur, Mohamed El Hammouchi au poste de coordonnateur adjoint et Mohamed Lihi, porte-parole officiel de la FNAA. Les 44 associations, elles, sont pratiquement issues de toutes les régions du pays, dans un souci voulu de respecter la représentativité régionale. Dans une déclaration à ALM, Ahmed Arehmouch a expliqué que «la FNAA se penche déjà sur un plan de travail triennal recensant plusieurs priorités. Parmi les urgences de la fédération, le suivi de la mise en œuvre, du vote et de l'application des prochaines lois organiques où figurent le Tamazight et la question amazighe». Sur ce point justement, le coordinateur de la FNAA tient à relayer la réprobation partagée par les ONG amazighes : «Nous sommes profondément sidérés devant l'attitude du gouvernement. Il fait montre d'un dénigrement patent face à la question amazighe, alors que cette dernière a bel et bien pris sa place dans la Constitution». En effet, le retard enregistré sur la promulgation de la loi organique portant sur l'officialisation de la langue amazighe et le statut interne du Conseil national des langues et la culture marocaines fait tache lorsqu'on évoque les intentions politiques du gouvernement Benkirane et leur concordance avec le texte de référence, notamment dans son article 5. Sauf que le gouvernement aurait également l'intention d'adopter cette loi organique durant cette troisième année législative. Une manière pour lui d'officialiser définitivement une langue que même le penseur Abd El Jabri avait condamnée en proposant d'en liquider les dialectes.