Le retard accusé par les pluies préoccupe. L'automne a exactement un mois et les chances d'une pluviométrie favorable diminuent de jour en jour. Car, outre leur quantité, c'est aussi la répartition des pluies dans le temps qui fait un bon millésime. Ce qui se passe actuellement remet en mémoire la sécheresse relative d'il y a deux ans. Il attire également l'attention sur le nouveau rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Ce dernier y dresse un tableau relativement sombre de l'avenir de certains Etats côtiers à la suite du réchauffement climatique mondial. Selon ce rapport en effet, l'agriculture et les zones côtières seront gravement fragilisées par l'une des conséquences les plus graves de ce réchauffement: l'élévation du niveau de la mer. Dans le cas du Maroc, ce n'est pourtant pas le seul danger encouru à terme. Le réchauffement pourrait avoir des conséquences directes sur la quantité des pluies reçues. Pour les experts marocains, ce phénomène de raréfaction des précipitations a en fait déjà commencé. Selon eux, les observations sur une longue période (depuis 1960) montrent que les précipitations – les pluies principalement – sont devenues moins fréquentes et quantitativement plus faibles. Le rapport note qu'en 50 ans, «elles sont devenues plus erratiques avec une nette régression des quantités recueillies annuellement et de longues périodes de sécheresse alternant avec de fortes précipitations intempestives pouvant engendrer des inondations dévastatrices». Ils ajoutent qu'études et observations montrent que la probabilité de l'occurrence d'une période de sécheresse au cours d'une décennie a été multipliée par 5 du 20 au 21ème siècle. Ils affirment que dans ce même intervalle de 100 ans, la température a augmenté de 1 degré, voire 1,4, et que cela a pour conséquence «une accentuation des vagues de chaleur au détriment des vagues de froid». Ils en concluent que dans les années à venir, la pluviométrie devrait continuer à diminuer. Ils annoncent même que cette «baisse pourrait atteindre 20% à l'horizon 2050 et 30% à l'horizon 2080». Ils estiment également que les températures moyennes continueront de grimper et qu'elles pourraient augmenter d'environ 2° à l'horizon 2050 et 3° à l'horizon 2100. Conséquence probable : le niveau des océans devrait monter de 60 cm à 1 mètre d'ici 2100, phénomène qui pourrait s'aggraver par une hausse de la température et du degré de salinisation de l'eau de mer. Conséquences probables de ces bouleversements : moins d'eau, une agriculture fragilisée et une sécurité alimentaire menacée. En ce qui concerne l'eau, on considère que le potentiel mobilisable a diminué de 20% durant les 30 dernières années et que, le phénomène s'aggravant, il faut dorénavant veiller à gérer durablement la ressource. Pour ce qui est de l'agriculture, c'est la vivrière qui serait la plus menacée, ce qui est susceptible d'avoir des conséquences d'autant plus graves sur la sécurité alimentaire que la pêche et les forêts ne seront pas sauves des conséquences probables du réchauffement. Un scénario-catastrophe qui laisse par ailleurs supposer que des villes comme Agadir, Mohammédia, Casablanca ou Tanger seraient les plus exposées en cas d'élévation du niveau des mers. Face à cette éventualité, le Maroc a mis en œuvre une stratégie énergétique axée sur le développement des énergies renouvelables et se proposant d'atteindre 42% de la puissance totale installée à l'horizon 2020. Il a également mis en place une nouvelle stratégie de développement des ressources en eau basée notamment sur une meilleure gestion de l'offre et de la demande, sur la protection des ressources hydriques et sur la lutte contre les inondations et les effets de la sécheresse. Le Programme national d'économie d'eau en irrigation intégré au Plan Maroc Vert contribue grandement à cet effort de gestion des ressources en eau.