Au lendemain d'un attentat suicide ayant fait 16 morts près de Tel-aviv, des membres de la délégation d'Ariel Sharon, qui a écourté son séjour américain, ont indiqué que celui-ci va discuter d'une éventuelle expulsion de Yasser Arafat, qui a fermement condamné l'attentat. Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a convoqué son cabinet mercredi à 22h00 locales (19h00 GMT) dans une base aérienne pour décider des représailles contre l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat présenté comme « coupable » de l'attentat qui s'est produit mardi soir dans une salle de billard à Rishon-Le-Tzion, au sud de Tel-Aviv. Quelques heures après cet attentat, le premier depuis le 12 avril, un autre kamikaze palestinien a été blessé mercredi matin après l'explosion de sa bombe près d'une station de bus au sud de Haïfa (Nord). L'attentat n'a pas fait de victime. Une première information de la police avait fait état de la mort du kamikaze. Israël « agira avec force. Israël combattra et triomphera et quand la victoire prévaudra, il fera la paix », a déclaré Sharon lors d'une conférence de presse tenue juste avant un départ précipité pour Israël. Eli Ishaï, le ministre israélien de l'Intérieur et chef du puissant parti ultra-orthodoxe Shass, s'est déclaré à la radio publique « favorable au principe d'une expulsion d'Arafat, mais la question est de savoir si le moment est opportun ». « Nous nous déciderons sur la base des recommandations que présenteront les chefs des services de sécurité lors de la réunion du cabinet prévu mercredi soir », a ajouté, dans une déclaration à la radio, Ishaï qui se trouvait dans l'avion ramenant Ariel Sharon vers Israël après sa décision d'écourter une visite qu'il effectuait aux Etats-Unis. En revanche, la travailliste Dalia Rabin Philosof, la vice-ministre de la Défense a estimé que le président Arafat « reste une personnalité qui compte toujours et (qu')il ne faut pas l'expulser ». Pour sa part, M. Arafat a dénoncé avec vigueur les «crimes terroristes », soulignant qu'il comptait prendre « des mesures strictes contre ceux qui sont impliqués dans cette opération » et qu'il ne serait « pas indulgent pour punir ceux qui ont causé un grand dommage à la cause (palestinienne)». Dans un communiqué, l'Autorité palestinienne «condamne avec fermeté l'attaque », considérant que le fait qu'elle se soit produite durant la rencontre Bush-Sharon «ne sert qu'à renforcer les allégations d'Israël, qui prétend que les palestiniens ne veulent pas la paix ». L'attentat, le premier en Israël depuis le 12 avril, a été revendiqué par un interlocuteur anonyme au nom de la branche armée du mouvement Hamas. Le kamikaze a fait exploser la charge qu'il transportait dans la salle d'un club de billard à Rishon-le-Tzion au sud de Tel-Aviv. L'attentat a fait 16 morts en plus du kamikaze, et 55 blessés a indiqué un porte-parole de la police. Avant le déclenchement de l'opération « Rempart » le 29 mars dernier qui avait été présentée comme une réplique à une vague d'attentats suicide en Israël, aussi bien les chefs du service des renseignements militaires, que des services secrets, le Mossad et du service de sécurité intérieure (Shin Beth), s'étaient prononcés contre une expulsion de Yasser Arafat, selon les médias. Quelques heures avant l'attentat, le chef d'état-major de l'armée israéelienne, le général Shaoul Mofaz, avait menacé les Palestiniens d'une «nouvelle opération plus large et plus profonde» que l'opération «Rempart». Par ailleurs, et selon une source de la sécurité palestinienne, les services de sécurité et les organismes de l'Autorité palestinienne ont évacué mercredi leurs sièges à Ramallah, en Cisjordanie en prévision de représailles d'Israël à l'attentat suicide. Les ministères et les autres institutions de l'autorité palestinienne ont retiré leur personnel alors que les sièges de services de sécurité palestiniens étaient en cours d'évacuation, selon la même source. Cet attentat meurtrier et le refus de l'Italie d'accueillir des Palestiniens retranchés dans l'église de la Nativité apparaissaient comme autant de « coups durs» pour une solution négociée à la crise à Beit Lahm, après 37 jours de siège. « Nous sommes revenus à la case départ », a commenté Salah Al-Taamari, le principal négociateur local palestinien, ajoutant que cet attentat «va retarder la levée du siège de l'église et conforter les Israéliens dans leur volonté de traîner les pieds pour honorer l'accord ». Il a également exprimé sa crainte que l'opinion publique se détourne du lieu saint assiégé, alors que les quelque 120 personnes retranchées aux côtés de 30 religieux et 10 pacifistes étrangers «meurent de faim ».