Une rencontre a enfin eu lieu mercredi entre la direction de la RAM et les représentants des pilotes grévistes. Sans succès apparent, les deux parties campent chacune dans ses positions. A l'heure où nous mettions sous presse, l'Association marocaine des pilotes de ligne n'avait toujours pas tranché sur la reconduction ou non de leur grève lancée le jeudi 27 mai et prolongée pour quatre jours en début de semaine. Mais d'après le secrétaire général de l'AMPL, Mokhtar Sami, tout semblait montrer que l'on s'achemine vers le prolongement du mouvement. Rappelons que, suite à l'intervention télévisée du ministre de l'Equipement et du Transport, qui en substance avait déclaré que la RAM est prête au dialogue, une rencontre a pu enfin avoir lieu entre la direction et les pilotes, mercredi dans l'après-midi au siège de la compagnie. En l'absence du P-dg de la RAM qui s'est fait représenter, il n'y a pas eu d'avancées majeures selon M. Sami qui explique le blocage par le refus catégorique de la direction de reprendre les pilotes licenciés, ce qui pour les grévistes est le préalable à toute négociation. Par ailleurs, l'Association des pilotes, par la voie de son porte-parole, s'étonne à ce que la direction de la RAM lui ait prêté des revendications salariales. «Nous n'avons aucune réclamation à caractère salarial», martèle Jalal Yacoubi, pour qui cette position de principe n'est nullement un revirement. Lors de son passage sur la 2M, le P-dg de la RAM, Mohamed Berrada avait pourtant soulevé la question de l'augmentation des salaires, comme l'une des causes de la grogne. Le président avait ajouté en outre que la cause sous-jacente à cette grève, la plus grave de l'histoire de la compagnie, était la création de la nouvelle compagnie, Atlas Blue, destinée à accompagner le développement du secteur touristique. Les pilotes continuent de soutenir qu'ils n'ont à aucun moment été informés de la création de cette compagnie, chose qu'ils ont appris par voie de presse. «Notre position de principe concernant la nouvelle compagnie est claire», a tenue à rappeler Sami Mokhtar. «Nous sommes prêts à accompagner tout projet dans le sens de la vision 2010. Nous regrettons seulement de n'être informés d'un tel projet, la création d'une filiale aussi importante, que par les médias», déclare M. Sami qui regrette que «la réponse à un problème social ne soit fait jusqu'à présent que par des affrètements et des augmentations du volume horaire mensuel des heures de vols.» Le débat pourrait bien se déplacer dans le terrain de la sécurité. En attendant, les pilotes admettent tout de même qu'il y a des craintes dans leurs rangs concernant ce projet de création d'une filiale, rendu public, rappelons-le, lors des Assises du Tourisme tenues à Casablanca au mois de février. Les revendications des pilotes concerneraient aussi, outre l'aspect sécuritaire, des considérations liées aux conditions administratives de détachement et de mutation. «Si la nouvelle compagnie, comme nous l'avons appris par voie de presse, doit être basée à Marrakech et à Agadir, cela suppose pour ceux qui y seront engagés, de se déplacer dans cette ville avec leurs familles. Cet aspect est à éclaircir», admet M. Yacoubi. Autre motif d'inquiétude des pilotes de lignes, le devenir même de la RAM. Selon les termes d'un pilote, apparaît plus comme une opération de scission qu'une nouvelle compagnie. «Comment comptez-vous faire, si vous vous séparez de 20% de vos appareils et renoncez, comme cela a été lu dans la presse, à 25% de votre marché naturel, en gardant le même personnel ? Avec quoi allez vous continuer à voler ?», surenchérit M. Yacoubi. Cela aboutirait à terme, poursuit-il, soit à un dégraissage en masse y soit à un scénario catastrophique. Ce dont on est pour le moins sûr pour le moment, c'est que cette grève représente des pertes sèches pour la RAM et au-delà, un manque à gagner réel pour le secteur touristique. Les pilotes ont reçu mercredi le soutien de deux importants syndicats du pays, à savoir la Confédération démocratique du travail (CDT) et l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM). L'AMPL devait tenir une conférence de presse dans l'après-midi de jeudi, pour éclairer l'opinion publique sur ses vraies revendications.