La grève des pilotes de la Royal Air Maroc (RAM) était dans l'air depuis plusieurs semaines. Entre la direction et les commandants de bord, la guerre larvée sur fond d'un bras de fer insidieux devait déboucher tôt ou tard sur une crise ouverte. La grève des pilotes de la Royal Air Maroc (RAM) était dans l'air depuis plusieurs semaines. Entre la direction et les commandants de bord, la guerre larvée sur fond d'un bras de fer insidieux devait déboucher tôt ou tard sur une crise ouverte. Les pilotes ne voulaient pas en arriver là qui ont résisté au besoin impérieux d'exprimer leur malaise par le débrayage malgré le licenciement de 6 de leurs collègues. La goutte qui a fait déborder le vase aura été l'annulation à la dernière minute de la réunion qui devait se tenir mercredi 26 mai à 16 heures entre les responsables de la compagnie et l'association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) pour amorcer le dialogue. En guise de réaction contre ce qu'il considère comme un acte de provocation, le syndicat a décrété un peu à son corps défendant la grève à partir du lendemain 27 mai jusqu'au lundi 31. En fait, cette grève ne doit pas cacher les vrais problèmes de la compagnie. C'est pour cela qu'elle aurait du être évité. L'enjeu de fond dépasse en effet largement les revendications des grévistes pour l'obtention d'un statut clair qui réglemente leur profession en ce qui concerne notamment les gardes. En un mot, ce n'est pas de l'avenir d'une catégorie déterminée qu'il s'agit mais de celui de l'ensemble de l'entreprise. La crise actuelle de la compagnie souligne une chose essentielle : le modèle économique de la RAM, tel qu'il a fonctionné jusqu'ici avec un personnel pléthorique et une masse salariale très lourde , est obsolète. Sans issue. En somme, la RAM de la période des vaches grasses est révolue. Même si peu de gens en interne en sont conscients, beaucoup de choses ont changé depuis le bouleversement mondial du 11 septembre 2001 qui a vu de grandes compagnies aériennes Comme Swissair et Sabena mettre la clé sous le paillasson. Et puis, la libéralisation du ciel national représente une menace réelle pour la survie d'une entreprise comme la RAM qui vit dans le giron de l'Etat. C'est pour anticiper les zones de turbulences à venir et amortir le choc que les responsables de la compagnie ont créé récemment une nouvelle filiale charter baptisée Atlas Blue, appelée à fonctionner sur le schéma du Low Cost (l'exemple à cet égard est Easy Jet) ), une réinvention réussie de l'aérien qui fonde sa rentabilité sur la réduction des coûts de plusieurs postes. Est-ce là le projet du président Mohamed Berrada ? Ce projet-là bénéficie-t-il de l'adhésion de toutes les catégories de personnel ? Une chose est sûre : il faut sauver la RAM avant qu'il ne soit trop tard. Pour ce faire, il est nécessaire de privilégier une démarche volontariste de concertation et de négociation entre la direction et les employés toutes catégories confondues. L'objectif étant de poser le problème dans sa complexité et de s'entendre sur le meilleur moyen de sauver ensemble une compagnie plombée financièrement et socialement. La direction et les syndicats auraient dû d'abord s'attacher à cette solution au lieu de choisir la logique de la confrontation et de la grève. Le gouvernement est appelé à sortir de sa réserve pour prendre les choses en main. Il s'agit de désamorcer la crise en aidant les différents protagonistes du dossier à prendre langue sur des bases sérieuses en vue de sauver ce qui peut, encore, l'être.