Les Etats-Unis ont été épinglés par Amnesty international, au moment où les services secrets américains laissent entendre qu'un acte terroriste de grande envergure se prépare dans le pays. À l'approche de la présidentielle aux Etats-Unis, l'on assiste à une foule de sorties où info et intox s'enchevêtrent avec ardeur. Des sorties qui étalent des tendances inaccoutumées, ou autres intentions d'alliances contre-nature. George W. Bush s'alignant sur les positions de Jacques Chirac est, ainsi, d'une fourberie naïve. Aujourd'hui, les responsables américains parlent d'attaques terroristes majeures en cours de préparation. Ces révélations, qui auraient été faites sous le sceau de l'anonymat par un haut responsable du contre-terrorisme fédéral, font la Une de la presse américaine. Selon lui, les éventuels terroristes disposent d'un arsenal qui glace le sang.L'on évoque ainsi des armes bactériologiques, chimiques ou radiologiques, qui seraient entre de mauvaises mains et dont la destinée est de durement frapper l'Amérique, les jours à venir. Comment ne pas rester ahuri devant de telles révélations qui renferment, elles aussi, leur lot d'artifices, tout aussi naïfs ? Ce qui sème le doute dans cette histoire est tout d'abord le moment puis la façon dont elle a été divulguée. Bush et son administration se retrouvent depuis quelque temps entre le marteau de la recrudescence de la violence en Irak et l'enclume des sévices infligés aux prisonniers irakiens. On ne peut pas dire que ces «imprévus» tombent à point nommé, nous ne sommes qu'à cinq mois de la présidentielle. Les échos émanant d'Irak ont définitivement plombé la candidature de Bush pour un second mandat. Du coup, c'est à une véritable campagne d'hystérie que l'on assiste actuellement. Les exactions de tout genre commises en Irak ont balayé, d'un simple revers, les bons résultats économiques qui étaient le fer de lance de George Bush. Aussi, l'on se demande comment une administration, non seulement laisse filtrer, mais dévoile officieusement l'éventualité d'une attaque terroriste de grande envergure, appréhendant pertinemment sa portée et son impact sur la population qui sera en proie à une panique incommensurable. Autant de questions, conjuguées à la série d'événements qui ont ébranlé l'administration américaine, qui convergent vers la même réponse. Et en matière d'événements saumâtres pour l'administration Bush, la série noire continue avec la publication, hier, du rapport annuel d'Amnesty International. Un rapport cinglant, dans sa cuvée 2004, qui épingle les Etats-Unis, soulignant qu'ils ont «sacrifié les droits humains» sur l'autel d'intérêts autres. Les Etats-Unis, selon le rapport, se sont rendus coupables d'un«double langage» sur deux plans qui s'entrecroisent curieusement : l'invasion de l'Irak et la lutte contre le terrorisme, insistant sur les abus perpétrés au nom de la liberté par les Américains. «Les visées sécuritaires mondiales du gouvernement des Etats-Unis se révèlent dépourvues de principes ou de perspectives», écrit Irene Khan, la secrétaire générale de l'ONG. «Ce n'est pas en sacrifiant les droits humains au nom de la sécurité intérieure, en fermant les yeux sur les atteintes commises à l'étranger et en recourant sans restriction à des frappes militaires préventives qu'un gouvernement peut espérer renforcer la sécurité ou défendre la liberté», accuse-t-elle. Amnisty International évoque également le rôle de second plan auquel a été confiné l'ONU, qui a été «court-circuitée lors du conflit en Irak, puis marginalisée dans la gestion de l'après-guerre, discréditée en raison de son apparente malléabilité face aux grandes puissances».Concernant les actes de torture commis par les soldats américains dans la tristement célèbre prison d'Abou Ghraib, il est à signaler que Irène Khan avait adressé une lettre ouverte en date du 7 mai à George Bush. Courrier dans lequel elle avait évoqué les sévices infligés aux prisonniers irakiens. «Les abus commis par des militaires à la prison d'Abou Ghraib à Bagdad sont des crimes de guerre», avait-elle mentionné dans sa missive, appelant l'administration américaine à mener une enquête approfondie. Dans le même cadre, la base navale de Guantanamo est également sujette à beaucoup de préoccupations de la part d'Amnesty. L'organisation indique qu'en 2003, «plus de 600 prisonniers y étaient maintenus en détention illimitée, échappant à la sphère d'action des tribunaux des Etats-Unis, dans un vide juridique sans précédent».