Je suis, vous êtes, ils et elles sont, bref, nous sommes tous et toutes à quelques heures de dire adieu à l'année 2012, et ouvrir les bras bien grands à sa successeuse que tout le monde nous dit prometteuse, mais ça, c'est ce qu'on verra. Vous savez, ce n'est pas à vous que je vais parler de promesses, parce que ça, vous connaissez bien. L'année qui s'en va, et surtout celle qui l'a précédée, on n'a entendu que ça : «On va faire»… Alors, on a attendu, mais on n'a rien vu. En fait, on nous dit qu'il ne faut pas se presser, qu'il faut attendre encore un peu, il faut laisser le temps au temps, etc. Oui, nous, on veut bien attendre tout le temps qu'il faut, mais le problème, c'est qu'on n'a plus trop le temps. Enfin, vous, je ne sais pas, mais moi, je n'ai plus du tout de temps à perdre. Pendant des années, on m'a répété que le temps c'est de l'argent, mais je ne l'avais jamais cru. Or aujourd'hui, je suis intimement persuadé que non seulement le fric et le temps c'est kif-kif pareil, car plus vous laissez passer le temps, et plus le fric vous file entre les doigts, mais en plus, quand vous n'avez pas de sous, le temps vous paraîtra si long que vous n'aurez plus qu'une seule envie c'est de l'arrêter une fois pour toutes. Oui, je sais que ce n'est pas très gai comme propos, mais, hélas, moi aussi, je n'ai pas d'autre chose à vous fournir que des paroles. Mais, la différence, c'est que moi je ne suis qu'un chroniqueur qui sait juste écrire des billets, et pas du tout en donner. Je ne suis pas ministre, moi. En vérité, j'aurais bien voulu, mais on n'a pas voulu de moi. Tant pis pour eux. Ils ne savent pas ce qu'ils ont perdu. Au fond, je suis un peu comme eux. En effet, rien qu'avec des mots, j'arrive à entourlouper les gens et leur faire croire que j'ai raison. Pourtant, du matin au soir, je ne fais que leur raconter des histoires. Et ça fait des années que ça dure. Comme quoi, le peuple est prêt à croire n'importe quoi, il suffit juste qu'on sache lui parler le langage qu'il attend. Comment ? C'est du «populisme » ? Et alors ? Si les gens aiment le populisme et s'ils trouvent des populistes pour le leur offrir, que demande le peuple ? Bon, je parle, je parle, et je ne vois pas le temps passer. Je disais donc que bientôt, nous allons nous débarrasser d'une année qui, blague à part, n'était vraiment pas fameuse : un gouvernement qui, à peine mis aux commandes, perd les pédales et tourne le guidon dans tous les sens ; des parlementaires souvent pas là et qui sont plus hâbleurs que bosseurs ; des patrons qui ont si peur des syndicats qu'ils ne quittent plus des yeux leurs bourses ; des syndicalistes qui veulent tellement devenir aussi riches que les patrons, qu'ils commencent à licencier eux-mêmes leurs ouvriers ; des ouvriers si endettés qu'ils ont envie de devenir chômeurs pour ne pas avoir à rembourser ; des chômeurs bardés de diplômes qui passent plus de temps à manifester qu'à chercher du boulot ; et enfin des jeunes qui ne rêvent plus que d'une seule chose : quitter le pays pour aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Or, le problème, c'est qu'ils ne savent pas que c'est d'ici que l'herbe part là-haut, et que depuis quelque temps, et surtout depuis l'année qui finit, non seulement ailleurs la vie n'est plus aussi rose qu'avant, mais elle devient même très difficile à vivre. Elle devient si invivable que ce sont eux qui veulent venir vivre chez nous. Alors, avec la galère que nous vivons, si jamais ils commencent à débarquer chez nous, on ne sortira jamais de l'auberge. Maintenant, je ne peux que nous souhaiter très bonne année 2013, avec l'espoir qu'elle soit bien différente de sa bien décevante sœurette. Dites Amen. En attendant, je vous dis à lundi prochain car 2012 ne partira que ce jour-là, du moins je l'espère. Bon week-end.