Depuis deux décennies, le discours officiel présente la Santé comme un secteur prioritaire. Parallèlement, l'accès des plus démunies aux soins de base et la qualité des services de santé ne cessent de se détériorer. Avec un budget de 1,6 milliard de DH, soit 4,5% du budget général de l'Etat, le secteur de la santé publique baigne encore dans une léthargie chronique. À commencer par l'encadrement médical des populations. Le nombre d'habitants par médecin au Maroc se situe à 2.174. Ce taux est d'un médecin pour 424 habitants dans un pays comme la Pologne. Même contre-performance pour le ratio dépenses de santé publique par rapport au PIB. Le Maroc affiche un taux de 1,2%. En 2001, ce taux était de 2,2% en Tunisie et 4,7% pour la Pologne. L'espérance de vie s'établit à 67,6 ans en 2000. Au niveau du taux de mortalité, le Maroc se distingue avec plus de 45 enfants de moins 5 ans pour 1.000 naissances. Le secteur de la santé souffre également d'un grave déficit en personnel. On compte ainsi pas moins de 254 petits et moyens centres sanitaires, entièrement équipés, mais ne fonctionnent pas. Faute de médecins et de personnel paramédical, ces centres sont fermés depuis des années. Selon un décompte effectué par les syndicats et le ministère, les chirurgiens dans les hôpitaux publics ne travaillent effectivement qu'un jour par semaine. Dans la loi de Finances 2003, le budget a consacré aux achats des médicaments la somme 50 millions de DH. Une simple comparaison avec un pays proche en matière d'indicateurs de santé renseigne sur l'ampleur des faiblesses du système de santé public marocain. En Tunisie par exemple, la politique étatique a permis au pays de posséder une infrastructure hospitalière et sanitaire qui a permis d'étendre la couverture sanitaire à toutes les régions du pays. Les efforts déployés dans le domaine sanitaire ont contribué à améliorer les indicateurs de santé. Les chiffres en témoignent. L'espérance de vie est passée de 68,3 ans en 1987 à 73 ans en 2002. La mortalité infantile s'est réduite de 51,6‰ des naissances à 22,8 ‰ en 2001. Le taux de couverture médicale est passé de 1 médecin pour 2.384 habitants en 1987 à 1 médecin pour 1156 habitants en 2002. Le taux de couverture vaccinale contre les six maladies concernées par le programme vaccinal mondial a atteint plus de 94% des enfants jusqu'à l'âge de 1 an. La densité des centres de santé de base a atteint 1 sur 4.826 habitants en 2000 contre 1 sur 5.350 au début de l'année 1993. Des chiffres qui se passent de tout commentaire.