Le directeur du Centre régional d'investissement de Laâyoune, Hassana Maoulainine, estime que les provinces du Sud ont tout à gagner si leur développement économique et social est étroitement lié à celui des Iles Canaries. Entretien. ALM : Que pensez-vous de la visite effectuée au Maroc par le président du gouvernement des Canaries, Adan-Martin? Hassana Maoulainine : C'est, en fait, un double succès. En effet, sur le plan économique, les Iles Canaries sont une région à très fort potentiel touristique, puisqu'elle attire, chaque année, environ 12 millions de touristes. De ce point de vue, les provinces du Sud, qui sont les voisins directs des Iles Canaries, peuvent jouer le rôle de sous-traitance en matière touristique, surtout pour le tourisme d'aventure. Cette complémentarité peut également se vérifier dans des domaines variés comme l'artisanat, l'industrie des pêches, le domaine associatif, etc. j'ai toujours dit que le train de développement des provinces du Sud, soutenus par un effort de l'Etat, doit être accroché au train canarien. Quant au deuxième aspect positif de la visite du président des Iles Canaries, il est éminemment politique. Toutes les régions espagnoles doivent comprendre, et ont commencé à le faire, que l'avenir est dans la création d'un partenariat solide et durable avec le Maroc. Les campagnes de dénigrement orchestrées par des séparatistes n'ont servi à rien. C'est un revers cuisant pour le polisario. Quel rôle peuvent jouer les provinces du Sud en matière de complémentarité touristique? Dans les packages qu'offrent les opérateurs touristiques pour les Iles Canaries, il est tout à fait possible d'insérer 24 heures dans le grand désert marocain. Le choix est immense. Sachant que 90 km seulement séparent Tarfaya de Tenerife, les touristes étrangers peuvent venir en ferry-boat ou en avion. Si nous réussissons à attirer 1 % des touristes des Iles Canaries, ce serait un excellent début pour nous. Des petites entreprises marocaines vont se développer dans ce secteur. Cela permettra de mettre à niveau les établissements touristiques dont nous disposons déjà et surtout d'attirer des investisseurs marocains. Qu'en est-il de l'industrie de la pêche? Dans les provinces sahariennes, nous avons un atout fiscal incomparable. Nous bénéficions également d'une abondance du produit de la mer, surtout pélagique. Ce qu'on veut c'est l'installation d'unités de transformation et de valorisation de ces produits. Je tiens à rappeler que la main-d'œuvre locale est qualifiée et, en plus, l'OFPPT est capable de réaliser des formations à la demande. Par quoi avez-vous l'intention de commencer dans votre stratégie à l'égard des Iles Canaries? Nous avons l'intention de lancer une vaste campagne de sensibilisation auprès des opérateurs canariens. Dans les provinces du Sud, il y a trois CRI, celle de Guelmim, de Dakhla et de Laâyoune. C'est la raison pour laquelle nos efforts doivent être unis. Surtout que les spécificités des trois régions sont les mêmes. Nous pensons impliquer le consulat général marocain à Las Palmas. Cet organe en est pour beaucoup dans le changement de politique des Iles Canaries à l'égard du Maroc. Dans les prochains jours, la Macronésie ouvrira une délégation à Laâyoune. Même chose pour les Chambres de commerce. Le président de la municipalité de Laâyoune m'a également assuré que la ville compte effectuer un jumelage avec Las Palmas. En somme, les Iles Canaries sont le partenaire économique et social privilégié pour les provinces du Sud du Maroc.