Le directeur du Centre régional d'investissement (CRI) de Laâyoune, Hassana Maoulainine, estime que les forces vives du Maroc doivent créer un front unioniste, capable de faire face à la propagande du Polisario. ALM : Quelle est la véritable ampleur des manifestations survenues à Laâyoune la semaine dernière ? Hassana Maoulainine : Sur le plan quantitatif, je peux vous assurer que le nombre de manifestants était insignifiant. Il s'agissait d'une cinquantaine de personnes au maximum. Comme vous le savez, tout a commencé par le transfert d'un prisonnier de Laâyoune vers Agadir. Une décision purement administrative qui a poussé les membres de la famille de ce détenu à manifester devant le tribunal contre l'éloignement de leur proche. Malheureusement, le sit-in des familles a été exploité, instrumentalisé par le polisario et transformé par les séparatistes en une manifestation contre le Maroc et son intégrité territoriale. Certains «droits de l'hommistes» ont poussé en avant des femmes et des enfants dans une petite rue à Laâyoune. C'est pour vous dire que ces évènements n'ont pas concerné toute la ville de Laâyoune. Les manifestants ont usé de la violence contre les forces de l'ordre qui étaient présentes sur place. Le drapeau marocain a été brûlé, des cocktails Molotov ont été jetés sur les policiers. Et comme, malheureusement, la violence appelle la violence, les éléments de la sécurité ont été contraints d'user de la force pour disperser les manifestants. Pensez-vous sincèrement que ces manifestations ne sont nullement politiques ? Je suis catégorique sur cette question. Le malaise social d'une partie de la jeunesse de Laâyoune, comme c'est le cas dans toutes les villes du Maroc, est à l'origine de ces manifestations. Ces jeunes veulent du travail, ils veulent donner un sens à leur vie, s'exprimer, bref… ils veulent vivre comme tous les jeunes du monde. Mais malheureusement, ces envies et ces ambitions tout à fait naturelles sont déviées par les séparatistes qui sont passés maîtres dans l'art de la manipulation. Ces évènements sont-ils une réponse à la réunion des Sahraouis à Rabat ? Il est vrai que ces évènements ont eu lieu, au moment où des Chioukh, des parlementaires et des membres de l'élite sahraouis se trouvaient en conclave à Rabat. Le but de cette rencontre, qui a donné lieu à un débat passionnant et passionné, était de savoir comment impliquer la société civile marocaine, l'ensemble des partis politiques et la presse nationale dans un processus de militantisme pour l'unité du pays et sa stabilité. Mais je ne pense pas que les manifestations de Laâyoune soient une réponse à cette initiative. Que doit faire l'Etat pour que les évènements de Laâyoune ne se reproduisent plus ? Je vais être sincère avec vous. L'Etat ne peut rien faire. Je m'explique. Tant que le problème du Sahara est traité par l'ONU et tant que l'Algérie est prête à soutenir et à financer les séparatistes, il faut s'attendre à une exploitation négative de la colère des gens. C'est vrai pour les provinces du Sud comme c'est le cas dans toutes les villes du Maroc. Chaque fois qu'un mécontent prendra la parole, à cause justement du malaise social, il risque d'être manipulé et transformé en séparatiste. A mon avis, il ne faut pas avoir peur de cela. Mais à tout problème politique, il faut envisager une solution politique. Le camp du polisario est très bien organisé. Il est encadré par l'Algérie et financé par l'argent de son pétrole et son gaz naturel. Face à ce camp, nous devons constituer un front unioniste et militant, capable de peser et de représenter un réel contre-poids. Qui composera ce front unioniste ? L'Etat encore une fois? Non. L'Etat doit jouer son rôle. Le militantisme doit revenir à la société civile, aux partis politiques et à toutes les forces vives du pays. Ce front peut aisément être dirigé par des Sahraouis, les principaux concernés, mais il doit agir en parfaite symbiose avec tous les unionistes du Maroc. Ce front doit être national, celui de tous les Marocains. Pensez-vous que les Chouyoukh sahraouis sont capables de stopper des évènements comme celui de Laâyoune ? Je pense vraiment que personne ne peut arrêter ce type de dérapages. Car les manifestants n'ont pas de revendications claires. Ce qu'ils veulent c'est semer la zizanie. C'est un chantage pur et simple.