Les travaux de construction du Théâtre municipal de Marrakech ont été initiés en 1978. Ce théâtre n'a pas encore ouvert ses portes au public. Il serait opérationnel, dit-on, au mois de novembre pour accueillir le Festival international du film. Marrakech, ville universitaire et premier pôle touristique du Royaume, ne manque pas de passionnés en matière de théâtre. Pourtant, les Marrakchis ont trop souffert de l'absence d'un Théâtre Municipal. Le retard que connaît l'achèvement des travaux du théâtre en cours, constitue un vrai handicap au développement culturel dans la ville ocre. Un petit aperçu historique de la construction de ce théâtre révèle une entreprise qui risque d'entrer par les retards accumulés dans le Guiness record. En 1978, le Conseil Municipal de la ville de Marrakech avait décidé la construction d'un théâtre sur une parcelle de terrain de 15.393 m2 située à l'angle du Boulevard Hassan II et l'Avenue de France. Le site est idéal, presque au centre du Guéliz (ville nouvelle). Le Conseil Municipal confie alors la conception et la maîtrise de l'œuvre à l'architecte Charles Boccara. Le projet, grandiose, démontre l'étendue de l'ambition démesurée de ses concepteurs. L'architecte Charles Boccara a voulu égaler le célèbre opéra du Caire, en s'inspirant de l'art romain pour les colonnes et les murs d'enceinte. Or, la réalisation d'un projet de cette envergure nécessitait d'abord la disponibilité des fonds en totalité avant de lancer les travaux. Dépourvu des ressources nécessaires, le Conseil Municipal, maître d'ouvrage, ordonne quand même le commencement des travaux en 1983. Et depuis, on assiste soit à des arrêts de plusieurs années, soit à des reprises momentanées jusqu'à épuisement des budgets votés en conseil. Cette situation va durer jusqu'en 1997. Au cours de sa session d'octobre 1997, le Conseil de la Commune Urbaine étudie, de nouveau, le dossier. Il vérifie l'affectation des fonds dépensés et recense les causes qui ont motivé la suspension des travaux. Les résultats de cette étude font apparaître la nécessité de l'achèvement des travaux du théâtre de plein air – opérationnel depuis septembre dernier. Grâce au dynamisme de son jeune directeur Ahmed El Ghouat, le théâtre de plein air connaît actuellement une activité intense qui redonne aux Marrakchis l'espoir de voir très bientôt leur ville dotée d'un théâtre municipal à l'instar des grandes métropoles étrangères. En ce qui concerne la salle couverte, les hommes de théâtre et du spectacle qui l'ont visitée, sont unanimes à reconnaître qu'elle n'est pas conforme aux règles de l'art. Nul scénographe n'a été consulté pour l'aménagement de la scène. En outre, le constat établi par les experts confirme que 50% des spectateurs n'auront pas de visibilité sur la scène, ce qui fait dire à certains que la salle couverte, d'une capacité de 800 places, est un «ratage complet ». Soucieux de mener à terme la délicate mission qu'il a héritée des anciens conseils municipaux, Omar Jazouli, Président de la Commune Urbaine demande au Ministère des Affaires Culturelles la constitution d'une commission ad hoc pour estimer les travaux inachevés et proposer les solutions adéquates. Plusieurs commissions techniques ont été composées depuis. À l'issue des travaux de ces commissions, l'architecte Charles Boccara a présenté 3 scénarios dont le premier – le seul optimal – s'élève à 129.950.000,00 DH. Il comprend une scène ascendante, une salle climatisée et ventilée, ainsi qu'une protection contre l'incendie. Cela étant, il reste à trouver le financement. La contribution du Ministère de la Culture est très souhaitable. Il a affiché jusque-là une indifférence décourageante. Il perçoit pourtant la bagatelle de 40 millions de dirhams des droits d'entrée aux 6 sites et monuments historiques de la ville. Si le Ministère versait à la ville ne serait-ce 25 % de cette manne, le problème serait vite.