L'affaire de dopage qui a éclaboussé Kelli White amorce un tournant pouvant s'avérer fatal pour la sprinteuse américaine. La championne du monde risque d'être dépossédée de ses titres. Kelli White n'est pas au bout de ses peines. Après avoir été contrôlée positive à un psychostimulant, à l'issue du 100 m, la sprinteuse était destinée à recevoir un simple avertissement et ses médailles n'étaient pas vraiment menacées. Mais voilà que les doutes qui pesaient sur elle se confirment, risquant d'être lourds de conséquence. Championne du monde sur 100 et 200 m, l'Américaine a officiellement été reconnue coupable de dopage par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Cette décision constitue une étape vers une inévitable sanction. Elle ouvre la voie à un probable retrait de ses médailles d'or des Mondiaux de Paris/Saint-Denis, qui se sont déroulés du 23 au 31 août dernier. Contrôlée positive au Modafinil après sa victoire dans l'épreuve du 100 m, le 24 août dernier, Kelli White avait déclaré qu'elle utilisait ce médicament sur prescription pour des troubles du sommeil. « Je n'ai pas signalé le produit sur le formulaire de l'IAAF car il ne figure sur aucune liste et je ne le prends que de façon occasionnelle. De plus, je l'avais pris en d'autres circonstances et les contrôles n'avaient rien donné (...) Je sais que je suis innocente, j'ai beaucoup travaillé pour ces médailles et je pense que je vais les conserver », avait déclaré la championne, niant avoir consommé une quelconque substance proscrite. Cependant, les justifications de la sprinteuse n'ont pas fait mouche et ont tout bonnement été rejetées par l'IAAF. «L'IAAF peut confirmer qu'elle a reçu les explications de l'athlète concernant son contrôle positif au Modafinil lors des Mondiaux de Paris et, après examen, n'a pas décidé de les accepter», a expliqué un porte-parole de l'IAAF. En vertu des procédures disciplinaires classiques, le dossier sera transmis à la Fédération américaine (USATF) qui procèdera à une audience à une date fixée avec l'athlète. Une étape décisive dans cet imbroglio. En effet, l'audition qui sera accordée à Kelli White par l'USATF et qui sera menée par l'agence anti-dopage américaine (USADA) aura le mérite de trancher dans l'affaire. Au cas où l'USADA rejetterait à son tour les explications de la sprinteuse, celle-ci sera, de facto, privée de ses titres et ses médailles lui seront confisquées. Toutefois, à la demande de Kelly White ou en cas de désaccord entre l'IAAF et l'USADA, la longue procédure - durant laquelle la sprinteuse n'est pas suspendue - pourrait aboutir devant le Tribunal arbitral du sport, à Lausanne en Suisse. Par ailleurs, si jamais Kelly White est privée de ses médailles, l'onde de choc provoquée par cette destitution se propagera le long du classement des deux courses (100 et 200 m). En conséquence, Chandra Sturrup du Bahamas, classé quatrième sur 100 m, devrait bénéficier de ce rebondissement et se verra classée troisième. Il en est de même pour la Française Muriel Hurtis, quatrième du 200 m, et qui devrait décrocher une médaille de bronze in extremis. Toujours dans le même calcul, l'or du 100 m reviendrait à une autre Américaine, Torri Edwards, sur un podium qui sera complété par l'Ukrainienne Zhanna Block. Sur 200 m, la victoire serait pour la Russe Anastasi Kapachinskaïa et la même Torri Edwards se verra adjuger une seconde médaille, en argent cette fois-ci.