Après 15 ans d'absence des cimaises des galeries, et parallèlement à une carrière cinématographique notoire, Daoud Aoulad-Syad revient à ses premières amours, la photographie. C'est à la galerie de l'Aimance de Casablanca que Aoulad-Syad révèle son exposition «Au pays de l'enfance» jusqu'au 15 juillet. À travers ces images, Aoulad-Syad livre son regard intérieur sur son pays natal d'une part et sa ville d'origine d'autre part. Il s'agit de photographies montrant des scènes du quotidien, des personnages, la place Jamaâ El Fna, du folklore au sens noble du terme. Evoquant l'enfance pour expliquer son désir de la photographie, il rapporte ce souvenir : «Un jour, le cirque Amar est arrivé à la place Jamaâ El Fna. Ce qui m'intéressait le plus, c'était la fête foraine autour du cirque. Je m'y attardais avec les copains pour admirer le danseur. De retour chez moi, je m'enfermais dans une chambre et commençais à danser et à l'imiter devant une glace. Un dimanche, j'étais allé le voir très tôt. Le danseur m'a aperçu en train de l'imiter et m'a demandé de monter sur les planches pour danser à côté de lui. J'étais heureux. Je suis monté, tout le monde a commencé à applaudir. En descendant, le patron m'a donné un dirham, et m'a demandé de revenir le dimanche suivant. Le dimanche d'après le cirque était parti. Ce soir-là, j'ai beaucoup pleuré». Ceci étant, Daoud Aoulad-Syad dit ne pas avoir, à proprement parler, de démarche artistique. «Pas non plus de discours, quelques «notions» tout au plus sur l'espace et le temps et grand bien lui fasse car il les met en images avec une rare virtuosité, un geste, une attitude, un mouvement, un regard, un silence». S'il définit lui-même sa photographie comme une photographie d'auteur, il est par ailleurs évident que Daoud Aoulad-Syad est le digne héritier marocain de la photographie humaniste.