Quels rapports entretiennent les MRE avec leur pays de résidence et d'origine ? C'est la question fondamentale que s'est posé le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) en menant une étude auprès de la communauté marocaine résidant en France, Espagne, Italie, Belgique, Pays-Bas et Allemagne. Ainsi, BVA a réalisé une enquête ad hoc du16 mars au18 avril 2009 auprès d'un échantillon de 2819 personnes marocaines ou d'origine marocaine(1ère et 2ème génération) âgées de18 à 65 ans. À la demande du CCME, l'institut de sondage français BVA a réalisé un sondage qui avait pour but de dresser une image des perceptions et attitudes des Marocains d'Europe sur une multitude de points en relation avec leur vécu socioculturel et leurs rapports avec à la fois leur pays de résidence et d'origine. Passons aux résultats. Une grande majorité des MRE interrogés (89%) déclarent regarder les chaînes de télévision marocaines (86% pour la 2ème génération), 95% déclarent visiter le Maroc, 88% sont mariés avec une Marocaine et 63% continuent de parler, en général, l'arabe dialectal et 20% l'amazigh. En plus, 59% des personnes interrogées déclarent soutenir financièrement leur famille au Maroc. 37% d'entre elles y possèdent un logement ou un bien immobilier. Il ressort aussi que 78% des MRE jugent que l'image du Maroc dans les pays de résidence est très bonne (28%) ou assez bonne (50%), alors que 57% expriment des attentes en matière d'amélioration des services consulaires et administratifs, 42% pour la facilitation de l'accès des nouvelles générations à la culture marocaine et 42% pour la facilitation des échanges économiques et l'investissement. En effet, 78% des MRE interrogés se déclarent naturalisés (50%) ou en voie de l'être (28%), 87% fréquentent souvent (46%) ou quelque peu (41%) des personnes d'origine non marocaine et 95% des parents d'enfants de moins de 18 ans souhaitent que leurs petits maîtrisent la langue du pays d'accueil. «On voit bien que nous avons affaire à une évolution des communautés marocaines qui n'est paradoxale qu'à première vue. Un enracinement réel dans les pays d'immigration et le maintien, y compris à la seconde génération, d'un lien fort au Maroc. Ce sentiment d'appartenance est renforcé par les dynamiques que connaît le pays en matière de droits et dans le domaine économique, évolutions qui sont appréciées majoritairement de manière favorable, même si les sondés expriment des demandes d'amélioration», a souligné Driss El Yazami, président du CCME, dans un entretien accordé à ALM au lendemain de l'annonce des résultats de cette étude. «Il y a enfin deux autres conclusions centrales: Pour le Maroc, la primauté des demandes en matière d'offre culturelle de la part de notre échantillon et concernant le pays de résidence, le sentiment de discriminations fortes, notamment dans le domaine de l'emploi et du logement», a-t-il ajouté. En ce qui concerne les sentiments de discrimination en pays de résidence, les répondants sont partagés à 50% contre 50% entre ceux qui jugent que l'image des Marocains en Europe est très bonne ou assez bonne et ceux qui la jugent mauvaise (30%) ou très mauvaise (12%). Ainsi, ils déclarent rencontrer plus de difficultés que de normal à trouver un emploi (72%) ou un logement (62%). Ce sentiment de discrimination est moins accentué en ce qui concerne la difficulté anormale à être reconnus dans son travail (45%) ou à pratiquer sa religion (34%). Il chute nettement quant à la difficulté anormale à poursuivre une scolarité ou une formation (26%) ou à se faire soigner correctement (17%).