Après s'être retiré de plusieurs villages, les forces israéliennes ont pris le contrôle d'une quatrième ville de Cisjordanie, Jénine. Et continuent de violer les droits humains les plus élémentaires, selon de nombreux témoins. L'opération devrait se terminer «dans deux ou trois semaines» par un retrait «graduel», a déclaré jeudi le chef de la diplomatie israélienne. «Nous faisons une opération qui n'était pas un choix», a ajouté Shimon Pérès. L'armée israélienne n'a donc «pas fait le choix» de continuer son occupation des territoires palestiniens. Tout en se retirant de 24 villages, les forces de l'Etat hébreu ont aussi pénétré jeudi dans de nouvelles localités, Bir Zeit au Nord de Ramallah, Daharyeh près de Hébron, et le camp de réfugiés d'Ein Hilmeh, y menant des arrestations de masse. Elles continuaient aussi d'occuper quatre des principales villes de Cisjordanie : Ramallah, Naplouse, Beit Lahm et Jénine. Selon la radio israélienne, l'armée a mené pendant la nuit de mercredi à jeudi une incursion à Tulkarem où elle a arrêté, à son domicile, une «kamikaze palestinienne présumée» avant de se retirer. A Beit Lahm, les soldats encerclaient toujours la basilique de la Nativité. Deux fortes explosions ont encore secoué dans la matinée les abords de l'église et un incendie s'est déclaré dans un bâtiment à proximité du sanctuaire. Jeudi, l'armée a aussi pris le contrôle de la quasi-totalité de Jénine, où, selon un porte-parole militaire, une trentaine de Palestiniens armés se sont rendus - dont Ali Safouri, du Djihad islamique, et Djamal Huweïl, des brigades des martyrs d'Al-Aqsa. Les sanglants combats terminés, les bulldozers ont pu entrer en action dans la matinée et raser nombre de bâtiments. Les journalistes qui ont pu se rendre près du camp, interdit depuis le début de l'offensive, y ont vu des bâtiments démolis ou incendiés. La direction palestinienne a quant à elle de nouveau accusé l'armée israélienne de « massacres massifs » dans la ville et le camp de réfugiés de Jénine où vivaient 13.000 personnes. Soupçon appuyé par les déclarations du député arabe israélien Mohammed Barakeh, qui a même demandé jeudi à la Cour internationale de justice de La Haye de mener une enquête. «L'armée israélienne a bombardé sans discrimination des camps de réfugiés, utilisant des hélicoptères, des avions de combat, des chars et de l'artillerie lourde, causant la mort de centaines de personnes. Le secours médical est refusé, les hôpitaux sont bombardés, les équipes médicales attaquées (...) la population est affamée, enfermée en raison du couvre-feu, les canalisations d'eau et les câbles d'électricité sont détruits » a écrit le député, précisant qu'il s'agit là de «crimes de guerre». D'autres témoignages, concernant cette fois-ci des cas de pillages de la part de l'armée israélienne, se sont accumulé. «Tout vol ou dommage occasionné aux biens est interdit. En cas de problème, il doit être mentionné à l'état-major par les résidents ou toute autre personne. Chaque plainte est examinée», a assuré Jacob Dalal, un porte-parole de l'armée israélienne. Le témoignage de Majdi El-Malki, professeur de sociologie à l'université de Bir Zeitt, est pourtant tout autre : «ils ont fouillé partout, mangé sur les canapés, déféqué sur le sol. Pourtant je n'ai ni drapeau, ni photo de leader palestinien», a-t-il raconté. «Ils ont volé tout ce qui peut s'emporter». La Croix Rouge comme l'UNICEF ont pour leur part réitéré jeudi leurs appels à la communauté internationale, au vu de la situation humanitaire «insoutenable» des Palestiniens. «Il y a un manque d'approvisionnement en eau, en aliments, en médicaments et en soins et l'hygiène se détériore », a ainsi dénoncé le président de la fédération de la Croix rouge et du Croissant rouge, M. Suarez del Toro. Olara Otunnu, représentant de l'UNICEF, a pour sa part appelé Israël à respecter le droit international, notamment concernant les enfants, victimes de plus en plus nombreuses.