Le RNI est l'un des premiers partis à avoir été affublé depuis sa création, de l'étiquette «parti de l'administration». Et ce n'est que depuis les élections de 2002 qu'il accède enfin à la «légitimité des urnes» faute de celle historique. Son nom a toujours été associé à celui de son fondateur, Ahmed Osman. Un personnage qui a marqué l'histoire récente du Maroc en tant que ministre, Premier ministre ou président du Parlement. Le Rassemblement national des indépendants a été de tous les gouvernements, d'abord ceux anti-gauche et puis en coalition avec celle-ci depuis le gouvernement de l'alternance de 1998. Son histoire remonte au milieu des années 70 du siècle dernier. En effet et à l'issue des élections de 1977, un nombre important de candidats SAP (sans appartenance politique) ont pu accéder à l'hémicycle. Un groupe de ces députés fraîchement élus a été formé autour de nouvelles idées et de positions dominantes. Les 167 membres que comptait ce groupe ont décidé de créer une structure à l'intérieur de laquelle ils pouvaient défendre avec une grande marge de manoeuvre leurs intérêts, idées et positions politiques. Ce groupe qui était constitué de l'élite économique de l'époque et d'un certain nombre d'intellectuels a d'abord commencé par lancer une réflexion collective en vue de créer un courant politique autour de l'idée de «l'instauration d'une démocratie sociale». Ce courant s'est transformé plus tard en parti politique. Le RNI voit ainsi officiellement le jour en octobre 1978 et Ahmed Osman alors Premier ministre sortant est porté à la présidence qu'il ne quittera plus pendant près de 30 ans. Néanmoins, l'idéal qui a présidé à la création du parti n'était pas aussi solide pour garantir la cohésion d'un groupe aussi hétéroclite. Les frictions ont commencé à devenir plus fréquentes et la première dissidence commençait déjà à pointer alors le parti n'avait pas encore fait ses premiers pas. En 1981, trois ans à peine après la naissance du RNI, un groupe de militants des notables ruraux en majorité, conduits par le tandem Arsalane El Jadidi et Abdallah El Kadiri, décident de claquer la porte et créer leur propre structure, le Parti national démocratique (PND). La scission n'a aucunement affaibli le RNI qui continue de jouir d'un large appui électoral. Sa participation à tous les gouvernements qu'à connu le Maroc depuis sa création, lui a permis d'occuper également une bonne place dans l'échiquier politique. En 2001, le RNI va connaître sa deuxième scission, un de ses dignitaires Abderrahmane El Kohen quitte le parti, en même temps qu'un groupe de militants. Les dissidents vont lancer en juin de la même année une nouvelle formation, le Parti de la réforme et du développement (PRD). L'aura du parti et son poids commencent à s'émousser. Il s'en sort néanmoins avec 37 députés et compte en plus actuellement 47 conseillers au sein de la deuxième Chambre et demeure ainsi incontournable à chaque fois qu'il s'agit de trouver un équilibre dans un champ politique fortement balkanisé. Une performance qui lui a permis de faire partie de la coalition gouvernementale sortante avec cinq portefeuilles. De l'avis des observateurs, le RNI peine depuis l'amorce de l'ère de démocratisation à effacer l'image de «parti de l'administration» qui lui a été collée durant l'ancien règne. «Ce parti essaie depuis 1997 et surtout depuis 2002 de se positionner clairement comme étant un parti de droite modérée libérale économiquement et prônant la démocratie», observe-t-on. Le RNI espère néanmoins obtenir un bon score aux élections législatives de 2007 qui lui permettrait de se maintenir au gouvernement. Pour cela, la cinquième force politique du pays commence déjà par jouer la carte de la transparence et du changement. Ainsi, alors que la classe politique s'attendait à voir accéder aux commandes du parti Mustapha Oukacha, président de la Chambre des conseillers ou Mohamed Aoujar dauphin d'Ahmed Osman, c'est Mustapha Mansouri qui crée la surprise en se faisant élire président du parti lors de son dernier congrès tenu en avril. Le RNI qui s'est toujours affirmé, depuis les années 90, parti centriste veut présenter aujourd'hui un projet de société basé sur les «valeurs d'une véritable démocratie sociale». Ce qui implique, précise la littérature du parti, «un référentiel religieux ouvert, tolérant, favorisant la concorde nationale et le respect des libertés publiques et individuelles». Il se prononce pour un Etat de droit et une économie de marché régulée par l'Etat.