Le Marrakech du cinéma multiplie les rencontres ! Ici, une délégation des Canaries tient une conférence de presse pour présenter le programme de la 8e édition du Festival international du film de Las Palmas. Là, une rencontre-signature autour du dernier livre de Moumen Smihi, «Ecriture sur le cinéma». Ailleurs, Meda Films Development tient sa troisième session pour évaluer les premiers résultats des projets soutenus par le Programme régional Euromed Audiovisuel II de la Commission européenne : l'objectif est d'aider à l'émergence des talents du Sud et renforcer la promotion, la commercialisation et la distribution des films euro-méditerranéens… On ne vous parlera pas des projets de tournage qui naissent ici et là, des idées de production qui y germent, des castings qui se font, des promesses de financement qui s'engagent, tellement cela foisonne. Décidément, les contours d'un très beau projet de cinéma se dessinent à Marrakech. Le FIFM a fini par venir à bout des doutes. Personne ne conteste désormais sa capacité à faire du Maroc une destination incontournable de l'industrie du cinéma ; il est désormais cité comme une référence en matière de professionnalisme. Entre une projection et une autre, on constatée que toutes les délégations étrangères profitent de la présence à Marrakech du gotha des célébrités du 7e art pour faire la promotion de leurs propres festivals nationaux. La présence des organisateurs du Festival de Las Palmas des Grandes Canaries n'a d'ailleurs laissé personne indifférent. Pas plus que leur décision de consacrer une rubrique à part entière au cinéma marocain lors de leur 8e édition, prévue du 16 au 24 mars 2007. Intitulée «Rétrospective du cinéma marocain», cette section témoignera de la reconnaissance de plus en plus manifeste à travers le monde à l'égard d'un cinéma qui, d'année en année, gagne en maturité. Le FIFM, qui fait désormais autorité en matière de programmation et d'organisation, est un formidable tremplin pour le cinéma marocain. Nos cinéastes, qui sont nettement plus sereins que par le passé, l'ont compris. Compris l'enjeu d'un festival inscrit dans la durée, puisqu'il a apporté la preuve, à qui veut bien voir ou entendre, qu'il est en évolution constante et surtout positive. Les festivaliers partagent, il y a de quoi s'en réjouir, la conviction que l'organisation s'est beaucoup améliorée cette année. Au même titre que la programmation qui, tout en prenant ancrage dans la réalité marocaine, a su préserver sa dimension universelle. On en veut pour preuve et exemple l'incomparable et émouvant hommage qui a été rendu à Mohamed Majd, sans oublier que deux films marocains ont été retenus dans la compétition officielle : «What a wonderful world» de Bensaïdi et «Wake-up Morocco» de Narjiss Nejjar. Pour le reste, le 6e FIFM nous a offert une palette de sensations fortes et multicolores à travers les films sélectionnés. Un éventail consacré au cinéma indépendant, tourné vers le vécu et les destins des habitants de la terre considérés dans leur humanité, au-delà des particularités ethniques ou nationales. Une quinzaine de films représentant les quatre coins du monde ont donc été soumis au jugement critique d'un jury éclectique dont les membres n'ont plus à faire la preuve de leur exigence. Ce jury, présidé par le célébrissime cinéaste polonais Roman Polanski, et constitué, entre autres, de Jamel Debbouze, rendra public son palmarès ce samedi soir, neuf jours après d'intenses délibérations autour de films qui ont brillé par leurs choix thématiques : la plupart d'entre eux sont des films urbains et critiques vis-à-vis des dérapages d'une certaine modernité et font preuve d'une parfaite maîtrise du langage cinématographique. Gloire et honneur à leurs auteurs ! Les films sélectionnés volent très haut Le 6ème FIFM tire à sa fin. En attendant que le jury rende son «verdict»de samedi soir, les artistes marocains ont bien voulu se prêter au jeu des pronostics. Mohamed Merouazi, acteur «2006 est la meilleure édition au niveau de la qualité des films. Les scénarios volent très haut, les styles de narration diffèrent d'un réalisateur à un autre, ce qui va créer un énorme conflit au sein de l'équipe du jury. Ce qui n'empêche quand même pas d'établir un ordre des préférences. Le film qui m'a le plus impressionné reste «Le Pensionnat». Ce film thaïlandais s'est démarqué par la simplicité, l'innocence en même temps la dureté de ses personnages et la narration extraordinaire du réalisateur Songyos Sugmakanan. Vient ensuite le film italien «A Casa nostra» et le film «Boby», réalisé par l'Américain Emilio Estevez». Younès Megri, interprète-compositeur «Il y a cette année une sélection assez intéressante. Les films sont d'un très haut niveau. Je pense particulièrement à « Boby ». Avec ce film, on a découvert la face cachée du sénateur démocrate Robert F. Kennedy, qui a été écrasé par son frère le président Kennedy. Je pense également à «La Maison de sable», réalisé par le Brésilien Andrucha Waddington. Au-delà des films, j'ai constaté avec enthousiasme que cette édition s'est démarquée par la variété des invités. J'ai trouvé que les invités sont non seulement des cinéastes mais aussi poètes, artistes plasticiens, musiciens… Il y a également un grand souci pour garantir le bien-être des artistes marocains». Driss Rokh, acteur «Le choix d'un panorama italien a été une chose très positive. J'ai été d'autant plus heureux qu'une bonne partie des films italiens sélectionnés ont été choisis par Martin Scorsese. En ce qui concerne les films en compétition, ma préférence va au film marocain «What a wonderful world» de Fawzi Bensaïdi. Je crois que ce film mérite d'être cité dans le palmarès final. C'est un film beaucoup plus esthétique, il est porté par une vision cinématographique pointue et une thématique purement marocaine. Dans ce film, j'ai également beaucoup apprécié le jeu de l'acteur Bensaïdi qui a démontré qu'il avait beaucoup de talent». Leïla Triki, réalisatrice «La palette des films sélectionnés est diversifiée et très significative. Je crois qu'il serait très difficile de départager les films sélectionnés cette année, compte tenu de leur qualité. Si je devais toutefois choisir, j'opterai pour le film brésilien «La Maison de sable». J'ai aussi aimé le film italien «A Casa nostra» dans la mesure où il y a plusieurs intrigues qui s'entrecroisent et qui se rejoignent à la fin. Les séquences ont été subtilement travaillées, la caméra bouge très bien. Le film «Boby» est extraordinaire vu la sobriété du jeu des personnages. Ma préférence va également au film marocain «What a wonderful world» de Bensaïdi.» • Recueillis par M.H.