Les associations de quartier peuvent apporter un supplément de potentialités inestimable, dans l'encadrement des jeunes et dans la dynamisation de la vie sociale. Des jeunes marocains vivant en Europe peuvent apporter beaucoup dans ce sens. Plaidoyer. Dar Bouazza, Ben Abid, Douar Lahrrach et tout dernièrement Hay Mohammadi ont été les premiers lieux de ces opérations «Quartiers solidaires». Hay Mohammadi, quartier historique et symbolique marque une étape supplémentaire dans cette action : en effet, autour de la réalisation d'un terrain de sport de proximité on encore d'une maison de quartier, les jeunes Marocains issus de l'immigration regroupés au sein du réseau «Maillage» encouragent les jeunes des quartiers populaires du Maroc à se structurer au sein d'associations locales. Associations de jeunes pour des jeunes par des jeunes! Travail de fourmi, cette démarche a pour objectif de permettre l'émergence d'un mouvement associatif émanant de la jeunesse des quartiers. La tâche est immense qui va de l'éducation au civisme, à la citoyenneté, à la protection de l'environnement immédiat (là où l'on vit), en passant par les activités culturelles, sociales, sportives… La société civile au Maroc est dynamique : marier la volonté du Souverain à l'action des ONG en y associant cette nouvelle associative, jeune et locale, ne peut que profiter à l'ensemble de la population. Alors, bien sûr, ces «jeunes acteurs de proximité» qui luttent contre la résignation, se prennent en mains et choisissent de s'engager, parce que novices, parce que riches d'une dignité renaissante, parce que assoiffés d'envie d'y croire, d'envie de bouger… bousculent principes, hiérarchie, pesanteurs et parfois susceptibilités diverses. Si l'on sait canaliser positivement cette énergie, si l'on sait accepter ce «nouveau concept de militantisme, d'engagement», si l'on sait accompagner ce mouvement, chacun y trouvera son compte. Très simplement, avec à l'esprit le désir d'être positif, à la place qui est la mienne, celle d'un militant associatif de longue date, riche d'une expérience en France et viscéralement attaché à son pays d'origine, et puisqu'initiateur de cette démarche, j'aimerais adresser ces quelques mots aux élus de ces quartiers populaires du Maroc. L'expérience de Hay Mohammadi, notamment le lancement d'un terrain de sport de proximité et l'inauguration du local associatif «Initiative Urbaine» le 6 avril dernier, a montré que ces jeunes «savaient faire» lorsqu'on leur en donnait la possibilité. Ils ont pris la parole, ils ont organisé, ils se sont adressés aux autorités, ils ont exprimé leurs attentes …bref ils ont fait preuve de beaucoup d'esprit civique et de responsabilité. Il ont dérangé? Ils ont innové dans le ton et dans la forme? Ils ont commis quelques maladresses? Ils ont parfois improvisé? Qu'importe, vu l'enjeu! Peut-être même est-ce tant mieux, car ils apprennent, ils tâtonnent, ils expérimentent! Le Maroc compte de nombreux élus, beaucoup parmi eux sont des personnes dévouées soucieuses de progrès, des militants, des gens convaincus, des hommes et (des femmes) de terrain… ils comprendront ce processus et choisiront de l'encourager. Ces opérations «Quartiers solidaires», et ce mouvement de jeunes de proximité sont apolitiques dans le sens où ils ne sont affiliés à aucun parti politique. Il n'est nullement question de négliger ou de mépriser les élus, il s'agit de leur demander de soutenir la démarche, la faciliter en mettant à disposition terrains et locaux, l'encourager et surtout ne pas chercher à la détourner ou la récupérer. En respectant l'indépendance de ces jeunes c'est aussi la politique et les politiques qui s'en trouvent réhabilités. Il ne faut pas non plus y voir une quelconque opération politicienne: il s'agit de beaucoup plus que cela, qui nécessite l'apport de chacun, et dont l'ambition est grande: faire que les jeunes des quartiers populaires au Maroc n'aient plus pour horizon ni leur envie la poursuite de chimères au creux des barques et des vagues de la mort mais bel et bien le désir d'assumer leur vie, d'y reprendre goût, là où ils vivent : dans ces quartiers dont chacun d'entre nous est originaire et que quelque part il garde au cœur, et dont les jeunes d'aujourd'hui sont l'espoir.