Si les œuvres d'aucuns auteurs ne sont décortiquées qu'après leur décès, celles d'Abdelfattah Kilito, écrivain, essayiste et critique l'ont été de son vivant le temps d'un colloque international à Rabat. Un événement étalé sur deux jours, jeudi 23 et vendredi 24 février, et organisé par la Faculté des lettres et des sciences humaines à Rabat en partenariat avec l'Institut français de Rabat, la Fondation et l'Institut CDG. Cette manifestation a été l'occasion de présenter des analyses approfondies des œuvres d'Abdelfattah Kilito. Le deuxième jour de ce colloque international a été, entre autres, marqué par la communication d'Ijjou Cheikh Moussa, professeur à l'Université des lettres de Rabat, sur «La quête de soi et de l'autre dans l'œuvre d'Abdelfattah Kilito» dans le cadre d'une séance modérée par le professeur Edgar Weber en présence d'Abdelfattah Kilito himself. Lors de son intervention, Mme Cheikh Moussa a estimé, à travers les œuvres de Kilito, que : «la quête de l'autre passe par la connaissance de sa langue et sa culture qui permettent de lier l'Occident à l'Orient». Dans ce sens, elle a cité Kilito qui a dit : «peut-on aimer l'autre sans aimer sa littérature? L'autre est par définition mystérieux. Désirer l'autre revient souvent à désirer sa littérature». Aussi, selon Mme Cheikh Moussa, «Kilito est sensible à la dimension sémantique». Ainsi, dans l'œuvre de cet auteur, les noms propres sont pour la plupart des anthroponymes (noms de personnes et d'œuvres). Quant aux toponymes (noms de lieux), ils sont rarement utilisés par Kilito. C'est le cas du Maroc qui n'est mentionné qu'une fois dans l'ouvrage «Dites-moi le songe». Cependant, les toponymes sont exploités à propos des différents séjours de Kilito à l'étranger ou dans des conférences données aux Etats-Unis ou encore des séjours de recherche. Dans cet ordre d'idées, Mme Cheikh Moussa a évoqué «Le cheval de Nietzsche» où le narrateur évoque son arrivée en France. Par ailleurs, les anthroponymes des Occidentaux ont une suprématie dans les écrits de Kilito. A leur tour, les noms d'auteurs orientaux, employés par Kilito, renvoient au monde arabo-musulman et appartiennent à des époques différentes dont le Moyen Âge et l'âge d'or de la littérature arabe. Par contre, les noms d'auteurs arabes ne figurent ni dans les titres des œuvres de Kilito ni au niveau des épigraphes. Quand bien même, le prénom arabe Ismaël a été utilisé dans la dédicace de «Dites-moi le songe». Ces différents usages ne peuvent que prouver la diversité qui caractérise les œuvres de Kilito. Voilà une bonne invitation pour les découvrir !