Selon Mohamed Ahmed Bahi, journaliste et ancien détenu dans les camps du polisario, Oussama Ben Laden, aurait effectué une visite aux camps du polisario à Tindouf. Depuis, les deux organisations sont étroitement liées. ALM : Pensez-vous que le polisario a un quelconque rapport avec le terrorisme et Al Qaida? Mohamed Ahmed Bahi : En réalité, le polisario doit être considéré comme une organisation terroriste internationale. Nous devons la traiter comme Al Qaida. Je peux vous assurer qu'Oussama Ben Laden s'est personnellement rendu dans les camps de Tindouf pour solliciter l'aide du polisario pour soutenir les combattants islamistes en Algérie. Cela s'est passé dans les années 1990. Ben Laden est passé par la Mauritanie pour rejoindre les camps de Tindouf. N'oublions pas qu'à l'époque Ben Laden se trouvait au Soudan. Avec la visite de Ben Laden, le polisario s'est trouvé dans une situation délicate. Il devait choisir entre l'Algérie et Al Qaida. Son choix n'a pas été clair. Ce qui est sûr, c'est que le polisario a reçu par la suite des aides financières et matérielles d'un pays du Golfe. Quel est ce pays? Je préfère ne pas citer le nom de ce pays. Toujours est-il qu'Al Qaida était convaincue que le polisario ne pouvait pas l'aider de manière directe. Le contact entre ces deux organisations était l'ambassadeur polisarien à Cuba, Naâm Joumani. Pour soutenir les combattants d'Al Qaida, le polisario recevait en contrepartie des sommes d'argent importantes. Par ailleurs, le polisario est entré en contact avec toutes les organisations terroristes qui agonisaient un peu partout dans le monde, essentiellement en Europe. Quel type de soutien le polisario a-t-il octroyé aux combattants d'Al Qaida? Entre 1993 et 1994, le polisario a mis en place des centres d'entraînement, situés exactement à Bouguerfa, à l'ouest de Tindouf, loin des regards indiscrets. L'objectif était de lancer des opérations de déstabilisation contre le Maroc. Par la suite, ces centres sont devenus de véritables écoles de terrorisme où plusieurs Afghans Algériens et Tunisiens s'entraînaient. Quels types d'entraînements étaient assurés dans ces camps? Tous les types d'armes imaginables étaient l'objet de ces entraînements. Les officiers du polisario savaient utiliser les armes fabriquées dans les pays de l'Est, car eux-mêmes ont poursuivi des entraînements dans les casernes algériennes, cubaines et coréennes. Comment l'Algérie a-t-elles laissé faire cela, sachant qu'elle est aussi victime du terrorisme? L'Algérie a toujours voulu préparer des commandos de terroristes pour frapper le Maroc. Mais force est de constater que cela a explosé chez elle. Aussi, il faut reconnaître que les Algériens ne sont pas au courant de tout ce qui se passe à Tindouf. C'est un territoire immense, sans véritable contrôle et où se trouve une quantité incroyable d'armes, capable d'embraser toute la région. C'est cette anarchie qui a fait que le polisario s'est permis de s'adonner à tous les types de trafics. Vous dites que le but initial était de frapper le Maroc. Y'avait-il des Marocains parmi dans les rangs des commandos entraînés par le polisario? Evidemment. Des membres de la gauche radicale, d'Ilal Amam se sont entraînés à Tindouf. Mais par la suite, ils se sont fait emprisonner par ces mêmes polisariens. Aujourd'hui, je peux vous assurer que des amis d'Abraham Serfati sont toujours séquestrés par le polisario. Même chose pour la Chabiba Islamiya d'Abdelkarim Moutie. Le polisario mange à tous les râteliers. Il sème la terreur dans toute la région frontalière entre l'Algérie, le Maroc, le Mali et le Niger. Savez-vous que les séparatistes sont derrière la tentative de coup d'Etat en Mauritanie? Savez-vous également que le polisario a préparé l'enlèvement des Allemands dans le désert algérien ? Son but est de s'imposer, par la suite, comme un pseudo médiateur pour redorer son blason déjà terni à l'échelle internationale.