Les vendeurs clandestins de vin, «guerraba», œuvrent dans toutes les villes. Cette activité illégale, qui rapporte beaucoup, est néfaste pour certains, une aubaine pour d'autres. Vers vingt heures. Les épiceries et les supermarchés arrêtent les livraisons des boissons alcoolisées. Les buveurs manquent de vin. Il faut en trouver. «Lbalia» oblige. Les marchands clandestins sont là. Ils assurent la permanence jusqu'à une heure tardive dans la nuit. Si les premiers oeuvrent selon des lois régissant le secteur, ceux qui prennent la relève agissent en toute clandestinité et leur activité est passible, selon le code pénal, d'une amende et de la prison ferme. Mais, ils exercent leur activité et écoulent pendant la nuit des quantités parfois supérieures à celles, vendues par les épiciers autorisés. Dans toutes les villes du royaume, la réalité est frappante. A Casablanca, dans certains quartiers, ils sont connus de tous. Il suffit de demander à n'importe qui où se trouve le «guerrab», marchand clandestin de vin, et il vous montrera directement le coin où la marchandise est livrée. Des fois, le client prend un petit taxi et demande au chauffeur de l'emmener chez le «guerrab» le plus proche. C'est dire que cette activité est devenue un secret de polichinelle. Les points de vente dans l'ancienne médina, Derb Guerouaoui, Derb El Guebbas, Derb Jnawa et rue El Habacha, sont situés dans des habitations. Le «guerrab» gère la situation, malgré le dérangement des voisins, pour échapper au contrôle de la police. Au bout des rues menant à son domicile, il installe des «antennes», portable aidant, pour être informé immédiatement sur le passage de la fourgonnette de police. Et combien de fois on appréhende le consommateur avec la marchandise en main alors que le vendeur a déjà fermé les portes de sa «boutique» et quitté les lieux. Dans les quartiers populaires et populeux, Hay Mohammadi, Hay Moulay Rchid, Bernoussi, Sidi Moumen, vu leur éloignement des épiceries et des supermarchés, l'activité de ces vendeurs clandestins va son plein même le jour. Les rues où résident ces « guerraba » sont généralement le théâtre d'altercations, notamment la nuit, entre les buveurs et les malfrats. Chose qui provoque un grand dérangement pour les habitants limitrophes. A Rabat, dans les quartiers, Diour Jamaâ, Akkari, l'Ocean, Yacoub El Mansour, El Massira, l'Ancienne Medina, Takkadoum, le même phénomène sévit malgré les multiples réclamations des voisins. Il faut dire que pratiquement dans toutes les villes du royaume, ces vendeurs clandestins d'alcool exercent leur activité. Laquelle est très rapporteuse. Dans certaines villes, ils procèdent même à la fabrication d'une autre boisson alcoolisée, locale, «mahia», eau de vie, qu'ils commercialisent. Et comme cette activité est clandestine, le gain rapide encourage. Ils vendent parfois de l'alcool frelaté. Lequel est nuisible pour la santé des consommateurs. Et lorsque les éléments de la police procèdent à l'arrestation du vendeur clandestin, généralement quelqu'un de sa famille assure la continuité de l'activité. Et l'habitation demeure toujours un point clandestin de vente.