Les unes après les autres, les localités palestiniennes sont réoccupées par l'armée israélienne. Dans le même temps, Israël a rejeté l'appel lancé par Romano Prodi pour une conférence internationale sur le Proche-Orient. Des blindés israéliens sont entrés mercredi matin à Jénine et à Salfit ainsi que dans le camp de réfugiés de Jelazoun, près de Ramallah, dans le cadre de l'opération «mur de protection» lancée il y a près d'une semaine pour «détruire les fondations du terrorisme». Venant de tous les côtés, une trentaine de chars ont pénétré dans Jénine avant l'aube. Des tirs de mitrailleuse ont éclaté dans la ville et à l'entrée d'un camp de réfugiés. Les forces israéliennes ont investi plusieurs immeubles donnant sur le camp de réfugiés. De sources hospitalières, on indique qu'une Palestinienne de 27 ans, atteinte par des tirs à l'abdomen, est morte des suites de ses blessures ainsi qu'un jeune homme de 18 ans. Les forces israéliennes prétendent que cette ville du nord de la Cisjordanie sert de base arrière aux auteurs d'attentats en Israël. Les chars israéliens, par ailleurs, ont pris position à Salfit, apparemment sans rencontrer de résistance selon des témoins, ainsi qu'à Jelazoun. A Beit Lahm, occupée depuis mardi, quelque 120 Palestiniens armés étaient toujours réfugiés mercredi dans l'Eglise de la Nativité, au lendemain de violents combats contre des soldats israéliens. La basilique reste cernée par les forces israéliennes, a précisé un correspondant de la chaîne de télévision italienne RAI, bloqué dans l'édifice par les combats avec cinq confrères. Selon d'autres témoins, une vingtaine de ces 120 Palestiniens sont blessés. Les soldats israéliens, a expliqué Mgr Michel Sabbah, le patriarche latin d'Al-Qods, ont empêché mercredi matin une délégation de religieux de se rendre à Beit Lahm pour apporter des médicaments aux blessés et enterrer les morts. Toujours cerné dans son bureau, au milieu des ruines de son quartier général de Ramallah, le président de l'autorité palestinienne Yasser Arafat a réagi mardi soir aux propos du premier ministre israélien Ariel Sharon qui lui a suggéré l'exil, son refus catégorique de quitter son QG de Ramallah. «Est-ce son pays ou le nôtre? Nous étions ici avant que le prophète Abraham n'arrive mais il semble qu'ils (les Israéliens) ne comprennent ni l'histoire ni la géographie», a déclaré Yasser Arafat interviewé par satellite. «Aujourd'hui, ils ont attaqué Beit Lahm où Jésus a vu le jour. Est-ce que vous imaginez? Ils s'attaquent à l'église de la Vierge Marie», a dénoncé M. Arafat, qui a rappelé qu'il préférait «le martyre» à l'exil. Une option que le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a rejeté lui aussi, affirmant mardi que le président de l'Autorité palestinienne continuait de jouer un rôle clé dans le processus de paix au Proche-Orient. Israël a, par ailleurs, rejeté l'appel lancé mercredi par le président de la commission européenne, Romano Prodi pour une conférence internationale sur le Proche-Orient réunissant les Etats-unis, l'Union Européenne, l'ONU, des pays arabes, la Russie, Israël et les Palestiniens.