L'auteur, photographe et réalisatrice, Leïla Ghandi était le lundi 28 juin l'invitée de l'émission «Tendance jeune» co-animée par Hicham Lazrek de radio Chaîne Inter et Laila Zerrour du quotidien «Aujourd'hui Le Maroc». On l'appelle la battante, l'ange de la paix. Des noms qui symbolisent son caractère et son engagement pour la paix. Toute petite, Leïla avait du caractère, elle savait ce qu'elle voulait. Quand elle prend une décision, difficile de lui faire changer d'avis. Une force de caractère qu'elle a héritée de son père qu'elle a perdu il y a près de trois mois et avec lequel il avait une grande complicité. «Mon père a été une véritable source d'inspiration. C'est quelqu'un qui m'a suivie, écoutée, épaulée, encouragée dans tout ce que j'entreprenais. Il m'a appris à regarder le monde, à être respectueuse de l'autre, à être curieuse, simple et modeste. Il m'a aussi appris à persévérer, à me battre chaque jour, à relever les défis et à croire en moi. Pour lui, rien n'était impossible dans la vie du moment que l'on a de la volonté», affirme-t-elle. Et d'ajouter : «C'est un pionner, un humaniste, un homme généreux. L'avoir perdu est très difficile et en même temps cela me donne la force de continuer mon chemin. Le meilleur hommage est de le rendre fier chaque jour et c'est ce que j'essaie de faire». Ghandi a sillonné le monde en long et en large. Elle a visité les sites les plus extraordinaires de notre planète, avec comme unique compagnon, son sac à dos. Cette passion pour les voyages est un héritage familial. Leïla Ghandi commence à voyager dès son plus jeune âge avec sa famille. Dés l'âge de 15 ans, elle décide de voyager seule. Destination : l'Angleterre. «Ce voyage constituait un véritable challenge. Je voulais savoir si j'étais en mesure de me débrouiller seule. Et ce fut le cas. Forte de cette expérience, j'ai voyagé l'année suivante en Australie», raconte-t-elle. Elle quitte sa ville natale, Casablanca à l'âge e 17 ans pour poursuivre des études universitaires en France. Elle est diplômée du Programme européen de l'Ecole supérieure de commerce de Bordeaux, de l'Université de Portsmouth (B.A with honors en European Management), et de Sciences Po Paris (Master en marketing politique). Des diplômes qui lui permettent d'occuper différents postes intéressants en France. Mais peu à peu, elle abandonne le confort d'un avenir tout tracé pour parcourir le monde et vivre sa passion : la photographie. «Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire les deux à la fois. Petit à petit, la photographie a pris le dessus. J'ai gagné le courage et la conviction de me plonger pleinement dans le monde de la photo. J'ai tourné le dos à un avenir tout tracé, établi, confortable, socialement intéressant pour aller vers l'inconnu. A l'époque, on m'avait dit que j'étais absolument inconsciente. Et je n'ai aucun regret», dit- elle. De l'Australie à la Sibérie en passant par la Chine, la jeune reporter-photographe a parcouru le monde en solitaire. «Je considère qu'il vaut mieux voyager seule que mal accompagnée. C'est très dur de trouver un compagnon qui puisse vivre le voyage de manière spontanée et authentique. Je me suis rendu compte que quand on est seul, on est beaucoup plus ouvert et beaucoup plus accessible. On va davantage vers l'autre», explique Leïla. Le voyage constitue pour elle une découverte, une exploration, une succession de rencontres. C'est un apprentissage, une école, une manière de découvrir la vie, le monde, d'autres cultures et d'enrichir sa personnalité et sa vision sur le monde. Parmi tous les pays qu'elle a eu l'occasion de visiter, la Chine est celui qui l'a profondément marquée. «C'est le pays le plus dépaysant du monde. Il y'a un vrai choc de civilisations, de cultures», affirme-t-elle. Leïla est une personne qui s'adapte facilement. Et pour preuve,lors de ses voyages, elle a mangé toutes sortes de viandes qui peuvent exister sur terre : chien, piranha, serpent, scorpion, sauterelles, kangourou, crocodile, autruche, zèbre, cheval. «J'ai beaucoup aimé le piranha surtout avec du jus de citron.D'ailleurs,c‘est moi qui l'avait pêché», raconte-t-elle. A travers ses photos et ses reportages, Leïla nous fait découvrir les différents modes de vie des peuples du monde. «J'aime photographier des portraits humains, de vie, d'intimité. Je me suis retrouvée à la photographie car j'ai ressenti le besoin de raconter ce que je voyais.Pour moi, la photo est un outil de témoignage comme l'écriture ou la vidéo. La photo est un acte d'amour,un élan, une volonté de raconter de la manière la plus objective, authentique.Il n'y a pas de mise en scène, de studio, de repérage. C'est du brut, du simple, du réel», explique-t-elle. Elle expose ses photographies dans le monde notamment au Parlement européen (France), l'Institut français et la Galerie 127( Maroc), la Galerie Art Lounge de Beyrouth (Liban).Son autre passion est l'écriture. Elle est l'auteur de «Chroniques de Chine» publié au Maroc en 2006 aux Editions Le Fennec. En 2008, elle reçoit au Sénat le Trophée Euro Méditerranéen de la réussite au féminin.L'année suivante, l'agence USAID lui remet le Prix de littérature. Leïla réalise une série de portraits et de documentaires sur les enfants du Maroc, diffusée sur la première chaîne nationale. En 2010, l'éminent politologue et professeur à Sciences Po Paris, Gilles Képel lui demande de l'accompagner au Moyen-Orient pour réaliser un grand reportage sur les sociétés arabo-musulmanes. Depuis quelques mois, Leïla a quitté la France pour s'installer dans son pays, le Maroc. «Je me suis rendu compte que c'est ici que mon engagement avait du sens et que ma place était davantage dans mon pays qu'ailleurs.Mais cela ne veut pas dire que j'ai tourné le dos à la France qui reste ma deuxième maison. J'y vais très régulièrement pour le travail», affirme-t-elle. Si elle n'était pas photographe, elle aurait aimé être écrivaine avec un best-seller par an. La reporter-photographe n'a pas fini de voyager. Il y a encore tant de pays qu'elle aimerait visiter : le Mali, le Brésil, le Sri lanka, l'Islande. Ses prochaines destinations seront le Vietnam, le Laos et le Cambodge.