Face à une situation de plus en plus explosive, les Américains veulent entraîner l'OTAN dans le bourbier irakien. Le secrétaire général de l'Alliance Atlantique a opposé, lundi, une fin de non-recevoir à la requête de Washington. La coalition s'enlise en Irak. Il n'y a plus un jour sans violence en Irak. Après l'attaque samedi d'une plate-forme pétrolière à Bassora et les embuscades dimanche à Mossoul et à Bagdad, la trêve de Fallouajh a été rompue lundi. Huit membres de la guérilla ont été tués et au moins quatre marines ont été blessés dans des combats qui ont duré plusieurs heures. Les soldats américains sont désormais confrontés à leur destin. Après le départ annoncé des troupes espagnoles, c'est au tour des Polonais de s'éloigner des foyers de feu. Le commandant polonais de la division multinationale, qui administrait la province de Najaf, a annoncé que cette ville allait passer sous la responsabilité américaine. Les Etats-Unis qui ne savent plus où donner de la tête dans une situation qualifiée d'“explosive” par l'administrateur civil de l'Irak, l'Américain Paul Bremer, veulent impliquer l'OTAN. Cela ne sera pas facile. Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a estimé lundi à Oslo qu'une implication éventuelle de l'Alliance Atlantique en Irak, voulue par les Etats-Unis, était conditionnée à une nouvelle résolution de l'ONU et à une demande expresse de la part d'un gouvernement irakien souverain. «S'il y a un gouvernement irakien souverain et légitime, avec les pleins pouvoirs après le 30 juin, et si ce gouvernement sollicite directement l'Otan (...) sur la base d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité donnant un mandat spécifique à une force de stabilisation, les alliés de l'Otan pourraient entamer une discussion», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Depuis la fin de l'année dernière, les Etats-Unis poussent l'Otan à s'impliquer davantage en Irak où les forces de la coalition font l'objet d'attaques intensifiées depuis début avril. Washington souhaiterait notamment que l'Alliance participe au contrôle des frontières irakiennes. L'Otan n'a jusqu'à présent en Irak qu'un rôle limité de soutien logistique à une division multinationale dirigée par la Pologne. Une requête du futur gouvernement irakien «souverain, légitime et crédible» et une nouvelle résolution de l'ONU constituent deux «critères importants» à l'aune desquels un engagement de l'Otan devrait être décidé, a insisté M. De Hoop Scheffer. Pour le moment cela semble très lointain, et les Américains sont confrontés à ce qui s'apparente de plus en plus à une affaire personnelle.