On ne cesse de convenir qu'Agadir est incontestablement le fleuron du tourisme national. Une vérité qui se confirme par la floraison des complexes hôteliers dont regorge la station balnéaire soussie. On s'est lancé résolument dans l'implantation de gigantesques buildings étalés sur d'immenses superficies à perte de vue. C'est une approche judicieuse que de multiplier les structures d'accueil de haut standing, aussi vastes que confortables et variées. Toutes sortes de technologies touristiques les plus avancées sont prévues dans cet effort déployé par l'ensemble des intervenants du secteur : Etat, professionnels, investisseurs nationaux et tours opérateurs étrangers...C'est une bonne chose si l'on sait que le plus gros handicap du véritable décollage de ce volet économique névralgique demeure, sans contexte, l'exiguïté de la capacité en matière d'hébergement. Jugeons-en ! Depuis la mise en marche de la politique touristique adoptée à Agadir, il y a de cela presque trois décennies, jusqu'en 1998, on a accumulé un peu plus de 20 000 lits soit presque le quart de la contenance nationale. Aujourd'hui et au seuil de deux ou trois années à venir, on est en passe d'atteindre le double environ. En d'autres termes , on est en train de réaliser en quelques temps ce qu'on a cumulé durant plus de trente ans. Toutefois, si cet élan est fort payant, même si cela n'est que le début d'un long chemin, à l'image de Las Palmas, par exemple, qui en est à plus de 160 000 lits, on s'entête à tourner le dos à un département touristique si important et vital. Celui de la restauration ! En effet, avec l'éclosion du tourisme, un investissement considérable s'est, en parallèle à l'hôtellerie, tourné vers le montage des infrastructures de restauration. C'est un effort non négligeable qui a demandé d'énormes sacrifices financiers, en particulier, en centre ville mais, à quelques mètres de la chaîne hôtelière, pieds dans l'eau. Malgré donc cette floraison à ce niveau, avec tout ce que cela exige de raffinement et de métier, on ne fait que tuer cet art spécifique à cause de la voracité hôtelière d'une part et la multitude taxale qui s'abat sur le secteur de la restauration d'une manière arbitraire, d'autre part. Comment cela ? Eh bien ! On continue à favoriser impunément la pension complète dans les hôtels. Résultat, le touriste reste "assiégé" nourri et logé jusqu'à son retour. Il n'aura jamais goûté aux délices préparés, par les spécialistes situés en ville, eux qui n'ont qu'un seul et unique souci, celui de servir des plats soigneusement confectionnés et présentés, avec le cérémonial et la convivialité qui s'imposent, loin de l'embrouillement de l'hôtel. C'est une situation délicate qui pose beaucoup de points d'interrogation sur l'avenir de la restauration et dont se plaignent vivement les restaurateurs. Il y a de quoi, car c'est effectivement aberrant que de monter des chefs-d'œuvre en matière de restauration, avec cœur et savoir-faire et se confronter à une compétitivité injuste et insensée. Un hôtel, c'est surtout l'hébergement. Un restaurant, c'est surtout le menu, à chacun son boulot, les chèvres seront bien gardées. Surtout qu'Agadir est entrée par la grande porte de l'émulation internationale au niveau du tourisme sous ses diverses formes. Place alors à la spécialisation sectorielle et à la mise à niveau de plus en plus rude.