Compagnons fidèles et fascinants, mutins et absolument craquants, les animaux domestiques ne cessent de conquérir les cœurs des Marocains. Ils sont sujet à un marché très prolifique. Que ce soit un chien, un chat, un oiseau, un rongeur, un reptile ou même un poisson, ils deviennent presque des membres de la famille. «J'ai un labrador, il s'appelle Caramel. C'est un beau gros toutou, il est sympa avec tout le monde, grands et petits… un bon gros nounours», déclare Ghita, une lycéenne de 16 ans. L'adolescente n'imagine même pas se séparer de Caramel, «il est comme un frère pour moi, un ami fidèle», confie-t-elle. Derrière cette douce mélopée, se dissimule un vrai commerce. Un amour qui revient cher. Entre le prix de l'animal, son entretien et son alimentation, c'est quand même une bonne partie du budget de la famille qui y passe. Tout commence par l'achat de l'animal. Il existe deux façons de se débrouiller un compagnon. D'abord le marché clandestin, qui s'offre à toute sorte de manigances et d'usurpations. Le prix des bébêtes y est à la tête du client et à sa capacité de négociation. On y vend tous les animaux possibles à condition de payer. «Je peux vous débrouiller le serpent que vous désirez. J'ai juste besoin de temps», a chuchoté un jeune vendeur face à notre demande. Caméléons, lapins, hamsters, tortues, mais aussi nombreuses races d'oiseaux, des aras aux inséparables passant par les mandarins, les perruches, les canaris en plus de races interminables de poissons, tous évoluent dans ces marchés improvisés. Les conditions d'hygiène et de confort des animaux sont le dernier des soucis des vendeurs. Seuls les poissons semblent échapper à la règle. Bien au chaud dans leurs petits aquariums à thermostat, ils sont l'attraction préférée des enfants qui se faufilent entre les jambes des passants. «Ce sont des poissons exotiques des eaux chaudes, je ne peux pas me permettre d'éteindre le thermostat, sous peine de les voir mourir les uns après les autres», explique Hicham, vendeur de poissons et concepteur d'aquariums artisanaux. Les prix de ses petits nageurs vont de 10 (pour de minuscules poissons rouges) à 500 dirhams (pour les gros poissons-chats). Tout le monde y trouve son compte. À côté il y a les animaleries. Bien mieux organisées, les animaux qui y sont exposés semblent plus beaux dans leurs jolies cages dorées. Ici les prix sont fixes, les animaux vaccinés et le pedigree garanti. Pas de négociations superflues. Le siamois qui dans le marché clandestin coûte tantôt 600 tantôt 150 dirhams, ici il est à 1.000 dirhams. Le même petit poisson rouge du marché coûte 20 dirhams. Le prix est plus élevé, mais le sourire de la vendeuse est en prime. Le cadre aussi est plus aéré, mieux éclairé et surtout donne envie d'avoir un compagnon à la maison. L'animal en poche, c'est un nouveau chapitre qui commence. Sébastien s'est fait offrir un chaton qu'il adore. Il se consacre alors à son entretien. «Le premier reflex à avoir c'est les vaccins, celui de la rage m'a coûté 400 dirhams, en plus d'un autre de 40 dirhams une fois par mois pendant trois mois et celui anti-puces de 50 dirhams sur deux reprises. Il y a aussi la castration qui m'a coûté 300 dirhams», révèle Sébastien.Une bonne petite somme d'argent, rançon obligatoire pour un minou en bonne santé. Et qui dit minou en forme, dit minou qui mange. Pour Sébastien les comptes sont déjà fait, «j'achète un paquet de croquettes de 80 dirhams tous les un mois et demi et une boîte de pâté pour chat de 400g à 15 dirhams tous les trois jours». Il est vrai qu'un poisson ou un petit oiseau reviendrait beaucoup moins cher. Mais quand est-il des gros molosses tels que les St Bernard ou les Rotweillers ? En tout cas, c'est un marché qui rapporte. Un responsable dans une grande surface à Casablanca a révélé à ALM un chiffre d'affaires de 3.332 dirhams sur les produits animaliers pour le mois de février uniquement. Somme non négligeable puisque le chiffre d'affaires annuel serait aux alentours de 40.000 dirhams pour un seul magasin. Le Maroc semble être un bon terrain pour ce commerce. Les animaleries se multiplient, les franchises de produits animaliers prospèrent et les vétérinaires n'ont pas à se plaindre. Les domestications, qui s'étalent du néolithique à nos jours, sont toujours à la page et semblent même être un effet de mode. Ces adorables compagnons sont généralement choisis pour leur fonction utile comme les chiens de garde ou les chats qui chassent les rongeurs, mais ils peuvent aussi l'être pour la compagnie ou pour leur chant, comme les oiseaux ou simplement pour amusement. Chacun a ses petits plaisirs. Celui-ci est à consommer sans modération.