ALM : Un an après le démarrage effectif de RCI Finance Maroc et tout le dispositif de communication qui l'a accompagné, quel bilan dressez-vous en tant que patron de cette entité ? Laurent Laffond : Pour répondre directement à votre question, je dirais que le bilan de RCI Finance Maroc est très positif. Cela fait effectivement un an que nous avons démarré notre activité qui, je le rappelle, s'articule autour de deux principales activités. D'une part, le financement du réseau, en stock de véhicules comme pour la pièce de rechange. Puis d'autre part, le financement au client final. Je rappellerais aussi que si le Groupe Renault a mis en place RCI Finance Maroc, c'est bien pour accompagner le développement de Renault au Maroc. Nous faisons donc partie de tout un dispositif. Maintenant, s'agissant des chiffres. Sur la partie financement des concessionnaires, nous avons financé 21.000 véhicules neufs en 2008. La différence avec le total des ventes réalisées l'an dernier par Renault Maroc et qui est d'environ 36.000 unités, réside dans le fait que nous ne finançons que les concessionnaires et non pas la succursale Renault qui, elle, est une propriété du groupe et donc supporte elle-même ses stocks. Et, nous ne finançons pas encore le réseau Nissan. Donc au total, nous avons financé aux concessionnaires 60% des véhicules vendus par Renault au Maroc. Nous avons par ailleurs financé 130 millions DH en pièces de rechange et ce, en guise d'accompagnement aux concessionnaires qui ont renforcé leurs ventes en la matière. Voilà ce qu'il en a été pour notre activité financement réseau. Pour ce qui est de la partie clientèle, qui constitue la plus large part de nos encours, nous pouvons retenir plusieurs chiffres. En nombre de dossiers traités et avalisés, cela fait plus de 6.800 contrats signés, ce qui a représenté près de 550 millions DH en crédits accordés à la clientèle. En pourcentage, quel est le taux des financements assurés par RCI Finance Maroc sur l'ensemble des ventes à particuliers réalisés par Renault Maroc en 2008 ? Selon nos premiers chiffres, 50% des achats de véhicules neufs dans le réseau de Renault Maroc ont été faits au comptant, tandis que 40% l'ont été en crédit affecté, soit en LOA (NDLR : Location avec Option d'Achat), soit en crédit classique. Nous avons également 5% de véhicules financés en solution de leasing pour les entreprises. Et sur l'ensemble des ventes effectuées en crédit affecté, 64% ont été financées par RCI Finance Maroc. En d'autres termes, deux clients sur trois de Renault Maroc nous ont fait confiance. Puis au total et tous types de financement confondus, 22% des clients ayant acheté en 2008 un véhicule neuf chez Renault Maroc, l'ont fait via un financement de RCI Finance Maroc. C'est un bon chiffre, que nous comptons d'ailleurs consolider, notre objectif visé étant d'arriver à un taux de 30%. Comment s'est opéré le déploiement de RCI Finance Maroc ? Nous avons travaillé l'année 2008 sur trois axes. L'axe organisation, l'axe process et l'axe produit. Et sur le premier axe (l'organisation) par exemple, je peux vous donner une idée sur les efforts que nous avons entrepris. Au total, ce sont 35 personnes qui ont mis à contribution leurs compétences pour mettre en place tous les outils et process pour nos activités : la fonction commerciale, le marketing, la trésorerie, la comptabilité, le contrôle de gestion, le contrôle interne, la plate forme clientèle de gestion des acceptations de dossiers et du recouvrement, l'équipe du financement réseau et les RH. Pensez-vous toujours que le financement sur place est un réel outil de conquête pour une marque automobile ? Il faut d'abord rappeler que pour l'instant, le réseau de Renault Maroc est le seul opérateur automobile du Royaume à proposer un financement sur place. Au regard des chiffres et du fait que nous avons atteint nos objectifs en 2008, je dirais que RCI Finance Maroc s'est bel et bien avérée être un outil de conquête. Les commerciaux du réseau sont non seulement capables de vendre des véhicules, mais aussi d'accompagner les clients au niveau du financement. On s'occupe de tout ce qui concerne ce volet, des simulations de mensualités, jusqu'à l'impression sur papier de la formule finale, en passant par les différentes opérations. Le tout dans des délais très courts. Aujourd'hui, le client marocain est devenu très sensible à la qualité. La qualité de l'accueil, la qualité des informations fournies, la qualité de la livraison de son véhicule, le délai du traitement de son dossier… D'ailleurs et concernant ce dernier point que nous suivons de très près, nous avons, en moyenne, un délai d'acceptation d'une demi-journée pour ce qui est des dossiers des particuliers et d'environ 36 heures pour les demandes formulées par les entreprises. C'est là un de nos facteurs de performance. Le succès de RCI Finance Maroc ne serait-il pas dû à un revirement de la clientèle vers le crédit classique suite à une LOA impactée par la TVA ? La TVA n'a vraiment d'impact sur la LOA que sur les véhicules importés. Car, le véhicule monté localement, lui, a déjà une TVA avantageuse puisque fixée à 7%. Il n'y a donc aucun avantage sur la LOA lorsqu'il s'agit d'une voiture montée localement. En revanche, l'avantage fiscal qui existait avant et qui a été directement répercuté sur le client au lendemain de sa suppression par la loi de Finances, a fait que les véhicules importés ont un peu «souffert» sur les plans commercial et financier. Du coup, et pour répondre à votre question, l'impact de l'augmentation de la TVA sur la LOA a eu des effets sur la performance de notre activité de financement sur les véhicules importés, car cette clientèle s'est en partie «déplacée» vers d'autres solutions de financement, soit le paiement au comptant, soit le crédit bancaire. Qu'en est-il de la compétitivité des formules RCI Finance Maroc ? Dès le début de notre activité, nous nous sommes attelés à développer des formules qui prennent en compte le pouvoir d'achat de la clientèle ciblée et sortent ainsi du simple contexte de crédit classique qui s'articule sur une durée et un apport déterminés. A titre d'exemple, nous avions lancé pour la gamme Dacia Logan, ce que nous avions appelé le «crédit facile». A l'époque, nous avions communiqué sur un chiffre: celui de 12 DH/jour, qui équivaut plus ou moins à 4 trajets de bus. Notre politique a également consisté à proposer des taux intéressants, pas systématiquement aussi bas que ceux de la concurrence, mais de les maintenir durant toute l'année et ce, afin d'accompagner tous les modèles de la gamme et le lancement de chaque nouveau véhicule.