Le général Driss Ben Omar lui demanda de bien vouloir accélérer ses recherches et de définir dès que possible ses estimations, car les «FRA» disposaient déjà de données encourageantes concernant le radar ultra moderne «mobile» de Westinghouse, le an/TPS 43 C. Ce soir là le colonel Gahl donnait chez lui une réception pour quelques amis: il m'avait envoyé un «carton» personnel à titre d'invitation. Quand j'ai sonné à la porte, c'est le colonel Gahl qui m'ouvrit: «colonel bouziane, you just cut my knees down with your mobil radar. you should have consulted with me». Ma réponse était aussi directe : «Sir, you should have consulted with me before going on search for an old fixed world war ii radar, stuck in the ice of alaska». Le lendemain matin j'ai pu prendre un vol qui me permit de regagner mon poste d'attaché militaire aux U.S.A., satisfait d'avoir fait aboutir, sur le plan des principes, le programme de développement des forces royales air (FRA) agréé par SM le Roi. Il faut dire qu'à ce «programme» j'avais commencé à travailler dès 1965, juste après mon retour de l'école d'Etat-Major aux usa en 1964, et ma transformation comme pilote opérationnel sur C-130 E, à Sewart afb, dans le Tennessee. J'ai même gardé un «graphique» manuscrit de la manière dont je voyais le développement des FRA aux environs de 1970: Aujourd'hui, plus que jamais, j'étais décidé à participer et à œuvrer, avec intégrité et clairvoyance, à la sélection et au choix des «systèmes d'armes» qui seraient retenus par les FRA. J'ai surtout été très satisfait par le «support moral» que m'avaient apporté feus les généraux Driss ben Omar et Bachir el Bouhali, au cours de cette journée du dialogue «américano-marocain», qui avait eu lieu à l'Etat-major général des FAR le 27 août 1969, et où «mes idées» avaient prévalu : Driss Ben Omar et Bachir El Bouhali étaient tous les deux des hommes de «bien». Pour les FRA, de l'époque, la première priorité dans la réalisation des systèmes d'armes, objet du plan quinquennal agréé par SM le Roi, allait vers la réalisation d'un escadron de chasse équipé de l'avion supersonique de northrop, le «F–5 E». Bell hélicoptères : UH–1 N. L'«UH–1 N» est un hélicoptère de combat très performant : vol opérationnel de jour comme de nuit, transport de matériel et transport de personnel, rampes de lance missiles… nouveau problème : «Augusta Bell» (Italie) est une filiale de «bell hélicoptères USA». l'Italie, qui fabrique sous licence en Europe les mêmes hélicoptères que Bell (USA), a exigé et obtenu du département d'Etat américain que ce soit la compagnie «Augusta Bell» qui ait le droit de fournir au Maroc le type d'aéronef dont ce pays avait besoin. C'est ainsi que les forces royales air (FRA) purent se doter d'hélicoptères du type «AB-205», fabriqués en Italie, en place et lieu des «UH-1N», fabriqués aux USA. Du fait des «interférences extérieures» sus mentionnées, l'Ema/FRA à Rabat s'était trouvé dans l'obligation de définir, vis-à-vis de l'administration américaine, ses choix «prioritaires» du moment en matière d'équipements aéronautiques. Le choix a été porté sur le «C-130H». en date du 4 juin 1970, l'attaché militaire à washington recevait de la société lockeed, à marietta georgia, une «offre» ferme de cession au gouvernement marocain de l'avion c-130h, dans une configuration identique à celle des avions de l'usaf, et au prix unitaire de «3.475.000» dollars. cette offre spécifiait aussi que mr. joel gilbert, de la division internationale de lockheed, pourrait se rendre à rabat pour un exposé technique sur le c-130h. et c'est en fait ce qui se passa.J'ai été convoqué moi-même à Rabat pour assister au «briefing» de mr. gilbert. Seulement voilà le général n'michi, commandant les fra, me demanda ce «lundi matin» d'aller rendre compte au général medbouh de l'exposé qui devait avoir lieu «jeudi» à l'Etat-Major Air. le général medbouh semblait satisfait d'apprendre la nouvelle et «nous» invita , le général n'michi et moi-même, à venir dîner «chez-lui» ce soir-là , vers 8 heures. le «dîner» du général medbouh : nous étions cinq à table (juin 1970). Le général medbouh, directeur de la maison militaire, le général N'michi, inspecteur des «FRA», Monsieur larbi r'mili, sous-secrétaire à la défense, Le lt-colonel bouziane, attaché militaire aux usa, un «ami» du général, homme d'affaires casablancais. une seule «question» posée par l'homme d'affaires casablancais: «qui construite c–130h ?» ma réponse était claire et précise : «c'est la société ockheed, avec Etat-major à marietta, en georgie aux usa». a «table» la discussion ne porta que sur le «c-130h ».étant donné qu'à l'époque (1970) j'étais le seul officier pilote des fra qui avait eu le privilège de voler sur c-130 e aux usa et obtenu une qualification opérationnelle sur ce même appareil, il m'appartenait donc de «tout» expliquer. Alors j'ai parlé : «un décollage et un atterrissage courts sur terrain non aménagé, une charge utile de 20 tonnes, un largage de parachutistes et de matériel lourd, des «geps», des «plads»…. », le dîner était terminé : rendez-vous à «jeudi» pour l'exposé. «Jeudi et vendredi» se passèrent sans que monsieur joel gilbert se présenta à l'ema/fra, ou donna signe de vie. en fait, il n'y aura jamais d'exposé technique sur le c-130 h par un ingénieur de chez lockheed, et à l'etat-major air du général driss n'michi, les officiers aviateurs qui s'étaient réunis, ce jeudi du mois de juin 1970, dans la salle de conférence, partiront bredouilles. le général driss n'michi ne verra jamais le c-130 h évoluer dans le ciel du maroc : «il décédera à skhirat le 10 juillet 1971». Mémoires du colonel Abdeslam Bouziane