Le visage livide, le regard apaisé, le cou plein de balafres, Mustapha Aït Hamid, un des locataires du centre de réforme, a retrouvé la liberté jeudi 20 décembre 2001. Le visage livide, le regard apaisé, le cou plein de balafres, Mustapha Aït Hamid, un des locataires du centre de réforme, a retrouvé la liberté jeudi 20 décembre 2001. Né en 1980 dans un quartier chaud de Casablanca, il a arrêté ses études pour manque de moyens financiers. «J'étais un bon élève», dit-il. Les parents de Mustapha sont pauvres. C'est à peine s'ils arrivent à faire face à ses besoins les plus immédiats. C'est le début des problèmes. N'ayant aucune qualification professionnelle, il quitte le domicile familial et se lance dans la vente des cigarettes au détail. La rue devient son monde, son gagne-pain. Mustapha ne tardera pas à être arrêté par la police pour vagabondage et vente de tabac sans autorisation. Détention pendant 10 jours dans le centre d'El Hank, à Casablanca. Une fois libéré, il s'installe dans le port où il vend du poisson. Ici, il gagne assez bien sa vie de jeune sans contraintes particulières mais tombe dans le piège : il fréquente une bande de délinquants. Alcool. Drogue. Bagarres. Mustapha Aït Hamid commet un délit et se voit infliger une peine ferme de 3 mois. En prison, il est aux prises avec un univers encore plus impitoyable. Pour exprimer sa souffrance et attirer l'attention, il se coupe régulièrement à l'aide d'un rasoir. Relaxé, il retourne dans sa famille qui lui conseille de revenir au droit chemin. En vain. Une fois hors de chez lui, la délinquance le happe de nouveau. Cette fois-ci, il est dealer. Pour se défendre, il a toujours sur lui une arme blanche. Un jour, il poignarde un jeune qui lui a manqué de respect. La police le cueillera chez lui avec une bonne quantité de chira et un couteau. Présenté devant la justice, il écope de 10 mois de prison ferme. L'inculpé n'a qu'une idée en tête : se venger de l'un de ses amis qu'il pense être celui qui “l'a vendu“ aux flics. Cependant, il réussit à se débarrasser de cette obsession et reprend son petit boulot de commerçant de poisson au port. Il se sent de mieux en mieux, mais le pire n'est jamais loin. Pour fuir un réel qui lui est insupportable, Mustapha prend des psychotropes. C'est la rechute. Alors qu'il est sous l'emprise de cette saloperie, il revoit le visage de celui qu'il tient pour le responsable de ses malheurs. Armé d'un couteau, il guette son «ennemi» au coin d'une rue par une nuit glaciale. Il se rue sur lui comme une bête sauvage et le blesse au visage et à l'abdomen.Mustapha en prend pour un an ferme. Après un passage au pénitencier de Oukacha, il est transféré au centre de réforme. Il traverse un passage à vide pendant plusieurs mois en réclamant de partir dans une autre prison, celle de Settat. Une prison où les détenus en voient des dures mais où ils peuvent s'adonner à des petits trafics et surtout se débrouiller toutes sortes de drogue. Aït Hamid, qui affiche aujourd'hui optimisme et sérénité, finira par renoncer à son projet grâce au soutien psychologique qu'il a trouvé en Assia el Ouadie. “ Par sa sympathie et son affection, elle m'a redonné espoir en me faisant sentir que je suis un homme d'avenir, explique-t-il dans une longue lettre de confidence adressée au magistrat responsable du centre.