À la faveur du code des hydrocarbures revu et corrigé en 2002, le Maroc est devenu attrayant aux yeux des sociétés internationales de prospection pétrolières. Plus d'une vingtaine sont aujourd'hui en activité on shore et off shore sur l'ensemble du territoire national. Ministre de l'Énergie et des Mines, Mohamed Boutaleb considère que le Maroc a augmenté la cadence des explorations grâce aux travaux de forage. Pour les experts, le Royaume présente des similitudes géologiques avec certains pays riches en pétrole. Les mirages de Talsint n'ont pas fait tarir l'espoir de découvrir un jour le pétrole dans le territoire marocain. C'est ce qui explique, selon les spécialistes, cette ruée sans précédent de sociétés de prospection pétrolière dans le pays. Cette dynamique de la part des entreprises américaines, canadiennes et même françaises, qui ont derrière elles une longue expérience, est dictée par la multiplication des signes sur la présence du pétrole dans le territoire marocain. Fait nouveau : les prospections ne se limitent plus désormais à l'off-shore, zone considérée, pendant longtemps, par les spécialistes comme la plus probable, mais englobe de plus en plus de régions. Entre la signature de deux conventions, le ministre de l'Energie et des Mines explique cet engouement par la multiplication d'indices et de signes de la présence du pétrole dans le Royaume. En attendant que ces signaux prennent de la consistance, c'est sur le terrain fiscal que le Maroc tire bénéfice de la prospection. On n'en est pas encore aux recettes générées par le secteur des mines qui contribuent à hauteur de 1,5 milliard de dirhams annuels au Fisc, mais les estimations peuvent aller au-delà de ce chiffre d'ici quelques années, vu le rythme effréné de la signature des accords de prospection. Dernière à entrer en lice, la Danoise Maersk qui a paraphé lundi dernier avec l'ONHYM, un accord en vertu duquel elle s'approprie pendant huit ans un petit territoire de 15 000 kilomètres carrés situé dans les abords immédiats de la plage de Tarfaya. Cette convention porte sur huit permis d'exploration. Concrètement, il s'agit de la réalisation d'études géologiques pour l'évaluation du potentiel en hydrocarbures de la zone de Tarfaya. Beaucoup plus que ce qui avait été accordé le 25 fèvrier 2004, en pleins pourparlers sur l'accord de libre-échange Maroc-USA, au consortium formé par les sociétés Heyco, Enerycorp et Stratic, lequel avait obtenu trois autorisations de reconnaissance d'une durée de huit ans sur une superficie de 4 000 kilomètres carrés. Ce jour-là, le Maroc a marqué un grand point, puisque ces trois entreprises couvrent un rayon d'influence allant du Royaume-Uni à l'Espagne, en passant par l'Afrique du Nord (Algérie, Egypte), l'Afrique de l'Ouest (Côte d'Ivoire, Gabon). Les permis appelés «Tarfaya Shallow » en raison de la proximité du terrain de prospection par rapport à la plage, sont répartis en trois périodes de trois ans et demi, deux ans et demi et deux ans. Depuis 1985, aucune entreprise danoise ne s'est investie dans la prospection. Maersk Oil sera suivie par une société norvégienne sur le point de signer aussi un accord d'envergure. Désormais, environ 25 sociétés de prospection, dont les grandes majors, que sont Shell et Total, opèrent au Maroc, en mer et sur terre. La filière Recherche vient en tête. La dynamique, rappelle-t-on à l'ONHYM, s'est accélérée avec le nouveau code des hydrocarbures datant de l'année 2000. Ce texte marque une rupture avec l'ancienne approche. Le nouveau texte clarifie plusieurs points, notamment, ce qui intéresse le plus les prospecteurs, une batterie de mesures incitatives comprenant des avantages fiscaux et des simplifications de procédures administratives pour l'obtention des licences de prospection et d'exploitation. Avec le futur code minier qui s'attaque, lui, à des problèmes comme la sous-exploitation des richesses minières, le Maroc dispose d'atouts suffisants pour développer le secteur. Comme le répète souvent Amina Benkhadra, le secteur des mines et des hydrocarbures doit occuper une place-clé dans l'économie marocaine. C'est dans ce cadre, d'ailleurs, que l'ONHYM, qui fédère le BRPM et l'ONAREP, a été mis en place pour à la fois optimiser les moyens humains et valoriser les potentialités. Enclenché depuis quelques mois, le processus de rapprochement de ces entités devra être finalisé d'ici juillet 2004. L'ONHYM est donc actuellement sur une phase transitoire. Au niveau de cet organe comme au niveau du ministère, si l'on confirme, depuis deux ans, que l'activité recherche et prospection est en pleine augmentation, l'on se garde scrupuleusement de faire des pronostics. Talsint aura au moins servi à quelque chose.