ALM : Quelles sont vos priorités dans votre nouvelle mission en tant que président de l'Aivam ? Abderrahim Benkirane : Avant de dresser la liste des priorités et le programme d'action pour le mandat du nouveau conseil, nous devons formuler une vision claire pour l'Aivam à l'horizon 2010 et la décliner en trois ou quatre axes majeurs devant constituer la feuille de route pour nous pendant tout le mandat. Bien entendu, cette vision sera soumise à l'assemblée générale des membres qui statuera sur le travail du président et de son conseil. Pour votre information, la réflexion est d'ores et déjà déclenchée et nous avons des propositions à présenter dès la rentrée. En concertation avec notre conseil, nous proposons la vision d'une association qui contribuera à la professionnalisation du secteur et à la mise en norme des meilleures pratiques européennes. Parmi les questions stratégiques que l'on se propose de revoir, il y a notamment la fiabilité des statistiques déclarées pour passer du simple déclaratif aux volumes de véhicules livrés et immatriculés. On devra aussi entreprendre une action agressive par rapport au commerce illicite des pièces de rechange (la contrefaçon et la contrebande). Dernier point et non des moindres, il faut renforcer la gouvernance de l'Association. J'ai proposé au conseil lors de notre première réunion la création d'un Comité de gestion composé du vice-président, du trésorier et du secrétaire général. Cet organe veillera au respect des procédures à mettre en place, étudiera les contrats et les relations avec les fournisseurs. Il sera aussi chargé de faire des propositions sur la rémunération et les prérogatives du directeur délégué. Nos propositions aux membres incluront bien entendu les thèmes qui peuvent être prioritaires pour notre Association. A cet effet, un questionnaire a déjà été envoyé à tous les membres. En clair, le nouveau bureau n'aura que deux mois après son élection pour mettre en place un programme de développement conforme à sa vision stratégique et en parfaite concertation avec ses membres. Quel regard portez-vous sur le marché automobile marocain et ses perspectives d'évolution ? Dans un pays où le taux de pénétration reste très faible (NDLR : environ 60 véhicules par 1.000 habitants), où la moyenne d'âge du parc roulant est très élevé, les perspectives de croissance ne peuvent être que très prometteuses. Les volumes de ventes et la croissance à deux chiffres enregistrés de façon continue depuis quelques années maintenant nous réconfortent dans notre position. Le développement du secteur automobile exige par contre que les pouvoirs publics mettent en place les moyens nécessaires pour mieux réguler ce marché et exiger le respect des normes de sécurité et d'anti-pollution. L'instauration de normes minimales à ce niveau urge autant pour les véhicules neufs que pour la qualité des pièces de rechange commercialisées sur le marché marocain. L'Aivam, en tant qu'interlocuteur crédible et légitime du secteur, déploiera tous les efforts nécessaires aux côtés des autorités et administrations concernées pour l'instauration de normes et de règles dont le seul but est de protéger le client marocain et lui offrir les meilleurs produits et services possibles au prix le plus optimal. Justement, pensez-vous que les pouvoirs publics participent suffisamment à l'évolution du secteur automobile marocain ? Il suffit de noter que l'automobile ait été choisie comme un des métiers mondiaux du Maroc dans le plan d'émergence pour ne pas en douter. M. Jettou lui-même a été un des acteurs majeurs du développement du secteur depuis qu'il était ministre de l'Industrie. Les conventions avec l'Etat pour la voiture économique, l'encouragement à l'investissement dans l'automobile que ce soit dans les activités en amont ou en aval, ainsi que l'approche stratégique globale du gouvernement au secteur attestent de la volonté politique forte et de l'intérêt du gouvernement à notre secteur. Quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les importateurs marocains de véhicules et comment pensez-vous y apporter des solutions ? Je citerai la qualité des carburants, la montée en force des importations des véhicules d'occasion, la contrefaçon des pièces de rechange, l'insuffisance des moyens d'homologation de véhicules, mais aussi une carence à la fois quantitative et qualitative en matière de formation professionnelle. Dans la perspective de rajeunir le parc roulant au Maroc, il est important de dissuader l'importation de véhicules d'occasion ou au moins la restreindre sur la base de critères de sécurité et d'environnement. Pour les carburants, nous sommes encore très loin des normes d'antipollution et de la qualité des carburants en Europe. Le secteur enregistre un manque à gagner très important du fait de l'introduction dans le marché de pièces de contrefaçon. Ce qui est donc pénalisant autant pour l'Etat que pour la communauté. L'impossibilité d'homologuer des véhicules aujourd'hui sur la base de normes de sécurité n'offre aucune garantie minimale au consommateur marocain. Le secteur automobile se doit de se professionnaliser dans tous ses métiers (commercial, services…). Le manque d'offres de compétences qualifiées pour répondre aux besoins du secteur crée un déficit chronique de profils qualifiés et pousse à un débauchage massif entre confrères du secteur. Tous les deux ans, le Salon Auto-Expo souffre de l'exiguïté et de la vétusté du lieu où il se tient. Le plus grand Salon du Maroc ne mérite-t-il pas un meilleur espace d'exposition ? Effectivement, la Foire des expositions de Casablanca où se tient régulièrement le Salon Auto-Expo devient de plus en plus exiguë vu le nombre sans cesse croissant des exposants et des véhicules qu'ils y présentent. Le grand palais est réservé en général aux voitures particulières, tandis que les véhicules utilitaires légers et les poids lourds sont exposés à l'extérieur. Tout cela crée des problèmes logistiques et un manque de fluidité dans la circulation des visiteurs sans parler des problèmes de parking. Ajoutons à cela, le risque de la destruction du site dans le cadre de l'aménagement de l'avenue royale. A valeur d'aujourd'hui, nous n'avons malheureusement pas d'alternative immédiate. Mais un groupe de réflexion va très prochainement s'atteler à évaluer les différentes solutions possibles. Abderrahim Benkirane, né le 26 décembre 1957 à Marrakech. Marié, deux filles. Diplômes : Senior exécutive management, Harvard Business Scholl, Bachelor of Sciences in Business Administration (BSBA), American university, D.C. ; Master in Business Administration (MBA), The George Washington University, Washington D.C. Carr. : Directeur commercial et marketing, Beiersdorf S.A, Casablanca (Déc. 1987-Janvier 1990) ; directeur des Achats, Makro Maroc (février 1990-mars 1991- ; administrateur directeur général, Beiersdorf S.A France, Paris ; Consultant Interne du Groupe Beirsdorf AG, Hambourg, Pour le moyen-Orient (mars 1991-Nov. 1997) ; Conseiller, Chargé du développement et de la stratégie, présidence du Groupe Bugshan, Jeddah, Arabie Saoudite (Nov. 1997- mai 1998) ; directeur général, Suzuki, Maroc (Juin 1998-Nov. 2004), président directeur général SOPRIAM Groupe ONA (Depuis le 22 Nov. 2004) Associations : Membre-fondateur Maroc 2020 ; membre-fondateur de Harvard Alumni Association Morocco. Clubs : Membre de plusieurs associations et clubs (Royal Anfa, CCC, CAF) ; Past-Président du Rotary Casablanca Anfa.