S'exprimant sur le déroulement de l'actuelle campagne électorale, Ahmed Osmane, président du Rassemblement National des Indépendants, insiste sur le rôle d'encadrement des partis politiques. Pour lui, le mode de scrutin de liste souffre de plusieurs aspects négatifs expliquant en partie la froideur qui caractérise la campagne. ALM : Quelle est votre appréciation au déroulement de la compagne électorale ? Ahmed Osmane : Techniquement, la campagne électorale se déroule dans de bonnes conditions. Même si force est de constater la froideur qui la caractérise. Nous sommes loin de l'atmosphère qui devrait normalement régner. Et cela se voit à l'œil nu. La distribution de prospectus et des flyers n'est pas aussi répandue que par le passé. L'effort de communication n'est également pas aussi perceptible que dans les dernières élections. La vigueur n'est pas encore au rendez-vous. N'empêche que la campagne actuellement en cours a fait ressortir de nouveaux éléments. Les approches populistes ont cédé le pas à des actions de proximité plus pointues. Dans les grandes villes comme partout ailleurs, nous assistons à des efforts sérieux pour mener campagne dans le respect de la loi. Mais tout le monde s'accorde à dire que la campagne menée actuellement est des plus ternes. Serait-ce imputable au scrutin de liste? Il est vrai que le mode de scrutin de liste recèle, par définition, plusieurs aspects négatifs. A commencer par le nombre de problèmes qu'il pose aux partis politiques, en terme de choix et de classement des candidats. A cela, s'ajoute qu'en définitive, on revient presque au mode uninominal dans la mesure où nous sommes tenus de présenter des têtes de listes. C'est toujours au même résultat qu'on aboutit. La différence est dans l'effort et le temps que chaque mode implique. Il fallait se contenter de la liste uninominale. Les Marocains s'y retrouvent davantage. Mais la majorité parlementaire en a décidé autrement. D'autres motifs sont également avancés pour expliquer ce manque d'enthousiasme. Il s'agit notamment des sanctions prévues par la loi qui dissuadent plus d'un et du manque de confiance à l'égard des candidats ? Ces arguments peuvent évidemment être des facteurs dissuasifs. On n'entend de plus en plus parler de poursuites lancées contre certains candidats qui auraient eu recours à des pratiques malsaines. Des poursuites dont plusieurs sont injustes par ailleurs. Les communes ont également fait l'objet d'une gestion telle qu'il est difficile de convaincre les populations d'aller voter. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que ces élections ont leur importance et qu'il ne faut pas céder à la passivité. A mes yeux, les communales sont plus importantes que les législatives. C'est de l'avenir de tout le pays qu'il est question. Tous les motifs ne justifient pas une absence sur le terrain des partis politiques. Il est à remarquer que le Maroc n'est pas le seul pays où ce phénomène est remarqué. Nous n'en restons pas moins optimistes à l'égard des jours à venir. La dernière ligne droite en perspective des échéances électorales promet une dynamisation de la campagne. Le plus important est d'inciter les gens, d'abord à s'exprimer. Aujourd'hui et plus que jamais, leur avenir est en jeu. Autre fait remarquable est celui des actions entamées par le ministère de l'Intérieur. Ne pensez-vous pas qu'il fait preuve de dynamisme beaucoup plus que les partis politiques ? Le dynamisme dont l'Etat, par le biais du ministère de l'Intérieur, fait preuve est certes louable. Que ce soit en terme des sanctions prévues et appliquées pour lutter contre la corruption des électeurs ou l'effort de communication, ou encore la rigueur dans l'organisation, les initiatives de ce ministère sont, dans l'ensemble, positives. Ceci étant, ces actions restent marquées par certaines injustices. Pour sanctionner, il faut que la justice soit impliquée. C'est à elle de juger si telle ou telle irrégularité a été commise ou pas. Pour l'heure, il est difficile de juger l'étendue de l'efficacité de ces mesures. Attendons pour voir.