Dès que l'été approche, les tongs Havaianas font leur défilé dans les rues. En fait, ces sandales en caoutchouc sont très prisées. Simples et confortables, elles se déclinent en plusieurs motifs et coloris. Ces tongs ont une histoire. Cette simple semelle de papyrus avec sa lanière triangle coincée entre les doigts de pied, a fait du chemin depuis les Pharaons. Jolie et agréable à porter, la havaianas est maintenant un objet culte. Celui qui n'a pas au moins une paire, peu importe la couleur, n'est pas in. La tong havaianas est un must, un incontournable de la garde-robe ou la valise de tous les passionnés de la mode. Créées au Brésil le 14 juin 1962 par la plus ancienne et la plus grande entreprise de tong de la planète, Sao Paulo Alpargatas, les havaianas sont la sophistication et la simplicité de la fashion à la brésilienne. Cette célèbre tong a été baptisée Havaianas à cause des îles Hawai, alors lieu de villégiature des stars américaines. Les havaianas sont inspirées de la tong japonaise «Zori» faite de paille et en bois de riz. La version brésilienne est née avec un atout unique : le caoutchouc comme matière première. D'ailleurs, c'est le secret de la composition de ses semelles très souples qui lui garantit son succès international depuis plus de quarante ans. L'idée de ce produit était tellement simple qu'il connut immédiatement une renommée fulgurante. Vendues dans plus de 80 pays depuis les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, le Liban, le Japon, l'Australie… jusqu'au Maroc, elles totalisent plus de 4 milliards de paires vendues. A titre d'indication, la société Sao Paulo Alpargartas fabrique dans son usine, située dans la ville de Campina Grande, cinq paires de tongs par seconde, produisant au total 105 millions de paires par an. La qualité et le style toujours chic et décontracté de ses différentes déclinaisons ont fait de havaianas un pur produit démocratique, adopté par les stars de toutes nationalités confondues mais aussi par le grand public. Au Brésil, les havaianas sont vénérées et portées par toute la population. Elles habillent les mannequins des magazines les plus branchés. Partenaire des plus grandes cérémonies internationales tels que les Oscars à Hollywood, les MTV Movie Awards, les Grammy Awards ou la New York fashion Week, la havaianas est adoptée par des célébrités internationales tels que Julia Roberts, Sandra Bullock ou encore le célèbre mannequin britannique Kate Moss. Ce succès a fait des envieux, mais la vraie tong n'a jamais été égalée. Elle reste la seule tong qui ne se déforme pas, qui ne produit pas d'odeurs désagréables, et dont les brides ne se cassent pas. Stars des podiums parisiens, les modèles slap des havaianas sont toujours réalisés en caoutchouc naturel brésilien et étudiés pour éviter semelle brûlante et glissante. En 40 ans, les tongs ont quitté la plage pour les villes. Montrer son pied de nos jours n'est plus un tabou. Au contraire, c'est même devenu chic. Jean Jacques Picard, conseiller de la mode du groupe LVMH, numéro un mondial du luxe, affirme : «je crois que le charme de la tong est venu de sa pauvreté, et du fait que c'est la version la plus minimaliste de ce qu'on peut se mettre. Et je crois que c'est parce que les chaussures sont devenues un objet extrêmement sophistiqué, dans nos marques de mode et de luxe, que la tong a pris du charme.» De nos jours, les tongs havaianas ont perdu de leur simplicité. Elles se sont enrichies. On est parvenu à une sophistication de la tong. Il y en a de toutes les couleurs, des irisées, reflets métalliques, des perlées, des strassées mais aussi des tongs avec des broderies, des fleurs et des pierreries. Dernière nouveauté, la havaianas se met au service de la protection de l'environnement et sort des tongs écolos. En tant que marque «humaniste», elle se joint à l'association IPE (Institut pour la recherche écologique) pour protéger le singe tamarin, le lamantin et le perroquet d'Amazonie, espèces en voie de disparition. 7% des ventes seront reversés à l'association. Par ailleurs, il faut avouer que la havaianas reste réservée à une certaine élite. Alors que le modèle traditionnel vaut 5,5 reals (1,40 euro) au Brésil. Au Maroc les havaianas sont vendues à des prix exorbitants. Le prix d'une paire de tong havaianas varie entre 200 et 1200 DH. Et ce n'est pas tout, la marque a fabriqué sur commande 15 paires ornées d'or et de diamants au prix astronomique de 58 000 reals (15 000 euros). Mais pour les personnes branchées, la mode n'a pas de prix. Origine de la tong La tong est une chaussure formée d'une semelle sur laquelle sont fixées deux brides en Y dont l'extrémité passe entre les deux premiers orteils. Parfois appelée «string des pieds», la tong est une chaussure estivale et ludique. L'origine de la tong est égyptienne. Au départ constituée d'une simple semelle rigide en papyrus tressée et dotée de lanières de cuir, les Egyptiens ont imaginé ces drôles de sandales pour pouvoir marcher sur le sable chaud égyptien sans se brûler. Les Romains reprennent l'idée et les tongs de leurs impératrices sont coulées dans de l'or. À leur tour, les Indiens et les Perses reprennent l'idée et la sculptent dans le bois et lui adjoignent un entredoigts, avant que la tong ne migre vers la Chine et le Japon où elle devient «zori» puis «ghetta» au XXe siècle. C'est ensuite au Brésil que l'on retrouve les tongs. Cette sandale était au départ, pour les Brésiliens, la chaussure du "pauvre", on retrouvait les tongs dans les favelas, qui sont les bidonvilles brésiliens. Les tongs ont été aussi très prisées par les populations des régions françaises d'outre-mer (DOM-TOM), qui l'appelaient savate deux doigts, claquette. De nos jours, la tong, souvent fabriquée en caoutchouc, en plastique, en élastomère en cuir, est devenue un véritable phénomène de mode.