Le temps a fini par le dire : trop d'alliances, tue l'alliance ! Souvenez-vous, à l'aube de l'an 2000, plusieurs groupes automobile ont voulu croître plus vite que la musique. Ainsi, pour contrer la fusion de Mercedes avec Chrysler, le BMW Group a, lui, racheté MG-Rover, Land Rover et Mini. La firme à l'hélice avait aussi exercé une option de rachat (qui se concrétisera plus tard) sur Rolls-Royce. Objectif : damer le pion au groupe Volkswagen qui, à son tour, avait ajouté le prestigieux label Bentley à son portefeuille de marques (Seat, Skoda, Bugatti et Lamborghini). Un véritable jeu de cartes ou plutôt, une sacrée partie de poker qui a fait le malheur des uns et le bonheur pour d'autres. Car, quelques années plus tard, ce large mouvement de rachats s'est tout simplement résumé à une belle leçon pour les Ferdinand Piech (ex-président du groupe Volkswagen), Jurgen Schremp (ex-P-dg de DaimlerChrysler) et autre Bern Pichestrieder (ex-patron de BMW et de VW). Des dirigeants qui avaient tous pour vilain défaut leur mégalomanie. Parallèlement, d'autres constructeurs (généralistes) comme Fiat et surtout le couple Renault-Nissan ont opté pour la politique de coopérations et d'alliances. La sagesse d'un Louis Schweitzer conjuguée à la perspicacité d'un visionnaire comme Carlos Ghosn a permis d'enfanter l'un des projets industriels les plus réussis dans l'histoire automobile : la Logan. Son producteur : un constructeur ex-moribond (Dacia). Son contenu : l'ingénierie et les organes actuels (et déjà amortis) de Renault. Sa clientèle : les pays émergents où la main-d'œuvre est peu onéreuse. Une recette qui a bon goût dans la bouche des financiers du losange et plus précisément du côté du palais de la rentabilité. A tel point que la voiture à bas prix de Renault fait des émules. Toyota, Volkswagen lui préparent déjà une réplique, tandis que l'indien Tata annonce carrément les grandes braderies avec un véhicule à un peu plus de 2.000 euros. De quoi pousser le patron de Renault à faire une sortie médiatique pour dire qu'il sera prêt à rétorquer (lire la dépêche page V). Tout cela pour dire que l'avenir pourrait finalement appartenir au low-cost. Pour autant, les berlines allemandes, les citadines coréennes et les 4×4 japonais ont encore de beaux jours devant eux.