Le Maroc compte 113 ministres retraités. Le nombre des anciens membres du gouvernement touchant une pension de retraite a été dévoilé par le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane. Le numéro un de l'Exécutif a expliqué dans une rencontre organisée dans la région de Marrakech par la jeunesse du Parti de la justice et du développement que le coût annuel des pensions de retraites ministérielles atteint les 24 millions de dirhams. Les propos du chef de gouvernement interviennent à un moment où la polémique sur la retraite des ministres et des parlementaires bat toujours son plein. Une polémique née suite aux propos tenus par la ministre déléguée chargée de l'eau sur un plateau télévisé concernant les retraites des parlementaires les qualifiant de «sommes dérisoires». Un qualificatif qui a vite fait boule-de-neige notamment dans les réseaux sociaux. La majorité des mécontents a jugé les propos de la ministre mal placés, ce qui a poussé la responsable à s'excuser. Des excuses qui n'ont pas suffi à calmer les ardeurs des mécontents qui ont été rejoints par des partis politiques. Des groupes parlementaires appartenant à la majorité comme à l'opposition prépareraient actuellement des propositions de lois visant à supprimer ces pensions de retraite. Pour rappel, un parlementaire ayant effectué un mandat de député bénéficie d'une pension avoisinant les 8.000 dirhams mensuels alors qu'un ministre peut bénéficier d'une pension qui peut atteindre les 40.000 dirhams par mois. Sans prendre une position claire sur le sujet, le chef de gouvernement a expliqué que la suppression des pensions de retraites des parlementaires n'est pas de son ressort. «Même si je suis chef de gouvernement, je ne peux pas annuler les pensions de retraites des parlementaires et des ministres. La retraite des parlementaires est régie par une convention entre les élus et une société privée. C'est le Parlement qui a les prérogatives pour prendre ce genre de décision», a-t-il fait savoir appelant «à réserver un traitement raisonné et calme à ce dossier loin de toute surenchère». Benkirane a profité de cette première sortie depuis l'avènement de 2016 pour bifurquer sur d'autres sujets d'actualité, notamment la grève des instituteurs stagiaires. Le chef de l'Exécutif a appelé les grévistes à mettre un terme au boycott des cours allant jusqu'à adopter un ton menaçant. «Ils ne vont pas perdre uniquement leur stade mais ils perdront aussi leur poste», a t-il déclaré. Pour le chef de gouvernement, «les revendications des enseignants stagiaires ont dévié de leur première trajectoire», expliquant que «d'autres parties sont entrées en ligne sur ce dossier». Sans préciser l'identité de ces parties, Benkirane trouve qu'elles ne «cherchent pas l'intérêt des enseignants». Le secrétaire général du PJD a, par ailleurs, laissé entendre qu'il n'y aura aucun changement concernant les orientations actuelles de son équipe gouvernementale sur plusieurs dossiers. «La politique, ce n'est pas de l'héroisme ou l'accomplissement de faits qui plaisent tout le temps mais plutôt prendre des décisions dont l'efficacité sera découverte ultérieurement». «Nous sommes un parti politique indépendant et libre qui prend les bonnes décisions collectivement». Il faut préciser que l'événement organisé par la jeunesse du PJD a été consacré aux jeunes du monde rural. La manifestation de deux jours a connu la participation de poids lourds du parti de la lampe comme son secrétaire général ou encore des ministres à l'instar de Aziz Rabbah et Idriss Al Azami Idrissi.