Absence de politique culturelle «Il n'existe pas de politique culturelle au Maroc. Je crois que le ministère de tutelle se cherche encore !», explique à ALM Aadel Essaadani, président de l'association Racines, en précisant que ni le ministère ni ceux qui sont en charge du secteur ne tiennent compte du public. Et c'est cette pensée qui fait que la politique culturelle soit absente. «Le Maroc n'a pas de problème d'infrastructures. Bientôt, les théâtres de Rabat et Casablanca verront le jour. On continue à construire sans se poser la question de l'utilité pour le public !», martèle le président de ladite structure qui propose plutôt la création de conservatoires et l'éducation populaire dans les quartiers défavorisés entre autres. «Il faut traiter la culture en tant que moyen de développement humain», recommande-t-il en reconnaissant que cette tâche est énorme pour la tutelle. D'où l'intérêt, à ses yeux, d'associer les collectivités territoriales, entre autres, à la gestion de la chose culturelle. Transversalité Outre les collectivités territoriales, comme c'est le cas en Allemagne ou en France, où celles-ci investissent 1% de leur budget en culture, M. Essaadani, dont l'association a été à l'origine desdits états généraux, recommande d'associer d'autres secteurs, à l'instar du tourisme, de l'éducation et l'industrie à la culture. En sus de ces recommandations, celles issues des états généraux de la culture seront, selon les initiateurs, publiées en fin janvier 2016. Quant aux 2èmes états généraux, ils verront le jour en novembre prochain. Parallèlement, l'association Racines vient de lancer, dans les 12 régions du pays, une enquête autour des pratiques culturelles des Marocains. L'objectif étant, selon le président, de «démontrer la consommation culturelle du public».
Le regard de Sbihi sur 2015 Pour le ministre de la culture, le pays a été plutôt marqué par une «vivacité culturelle» en cette année. «Le ministère y a notablement contribué, en apportant son soutien à plus de 1.000 projets culturels et artistiques dans les domaines de l'édition et du livre, de la musique et des arts chorégraphiques, du théâtre et des arts de rue, des arts plastiques et visuels et des manifestations culturelles, pour un budget de 55 millions de DH», précise Mohamed Amine Sbihi en rappelant l'organisation de plusieurs manifestations et l'ouverture de plusieurs centres culturels par les soins de son département. Mais ce n'est pas tout ! «En rappelant ces réalisations, qui tendent à renforcer les industries culturelles et créatives nationales et à développer une politique culturelle de proximité, je suis le premier à reconnaître que le Maroc doit renforcer beaucoup plus son action culturelle pour que la culture et les arts jouent pleinement leur rôle au sein de la société», tempère le ministre qui se projette dans l'avenir. Les résolutions de Sbihi pour 2016 «La dernière année du mandat sera l'occasion pour nous de renforcer notre action sur trois axes d'intervention », avance le ministre de la culture en détaillant ceux-ci. Le premier concerne le soutien à la création culturelle et artistique, à travers des appels à projets encadrés par des cahiers des charges, et qui sera doté d'un budget de 60 millions de dirhams. Ce dispositif d'aide en faveur des créateurs, des artistes, des entreprises et associations culturelles et artistiques, sera, selon M. Sbihi, complété, en 2016, par la création de la société nationale des industries culturelles qui permettra d'apporter le soutien aux entreprises culturelles. Le 2ème axe concerne, pour sa part, la politique culturelle de proximité, à travers le renforcement du réseau des centres culturels et l'amélioration de leur programmation. Quant au 3ème axe, il permettra de renforcer les outils d'intervention du ministère de la culture par la création de plusieurs centres d'expertise dont, en particulier, le Bureau export de la musique, le Centre national de documentation musicale, le Centre national du patrimoine immatériel et le Centre national du patrimoine subaquatique.