Le vote sanction. C'est une hantise pour tous les partis et les leaders politiques. Les socialistes ont déjà été sanctionnés par les électeurs en France. Aux Etats-Unis, les élections du Mid-term ont été un véritable revers pour le président Barack Obama et le Parti démocrate. En sera-t-il de même pour le Maroc ? Le PJD qui se trouve à la tête d'une majorité gouvernementale depuis 2011 peut-il craindre un vote sanction ? Si la politique au Royaume et bien évidemment les élections obéissent à une logique particulière, un scénario à la française ou à l'américaine est à craindre pour le parti de la lampe. C'est en tout cas l'avis de l'universitaire et chercheur dans les domaines politique et sécuritaire, Abderrahim Manar Sellimi. «L'ambiance politique générale et les humeurs des électeurs laissent présager un vote sanction contre le parti qui dirige actuellement la majorité gouvernementale. L'Exécutif a pris des mesures plutôt impopulaires dans certains dossiers. Ces mesures vont pousser les électeurs à revoir leur choix politique», dit-il. Ce dernier pense que le parti de la lampe a commis une erreur stratégique au cours de la campagne électorale. «Le PJD a choisi de mettre en avant au cours d'une campagne électorale réservée aux communes et régions, le bilan de son action au gouvernement à l'échelle nationale en mobilisant notamment ses ministres. Un bilan qui comporte bien évidemment un certain nombre de mesures qui n'ont pas rencontré une large adhésion populaire», poursuit Sellimi qui pense que le vote sanction sera inéluctable. Un risque que le politologue Ahmed Bouz relativise en raison du caractère particulier des élections communales. «Il est difficile d'affirmer avec certitude que les électeurs marocains vont profiter des élections communales pour sanctionner un parti politique», explique-t-il rappelant que les élections communales connaissent généralement une grande mobilisation, plus importante même que les élections législatives. Bouz trouve tout de même que le risque zéro n'existe pas pour le parti de la lampe au cours du prochain scrutin. «Je tiens à préciser que ce risque concerne une partie de l'électorat du PJD. C'est le cas notamment de la classe moyenne qui avait voté pour le parti de la lampe en 2011 dans un contexte politique bien particulier. S'estimant lésée par certaines mesures prises par le gouvernement, la classe moyenne peut bien voter autrement lors du scrutin du 4 septembre. Les milieux salafistes peuvent également adopter la même posture», ajoute-t-il. De leur côté, les responsables du PJD restent très optimistes concernant le résultat du parti au cours des élections communales et régionales vendredi prochain. Le chef de gouvernement et secrétaire général du parti, Abdel-Ilah Benkiran, a même revendiqué la première place à l'issue du scrutin. Verdict le 4 septembre. Flash-back Les Marocains sont appelés aux urnes, vendredi 4 septembre, pour élire leurs représentants locaux. Les dernières élections locales remontent à 2009 avec une victoire du Parti authenticité et modernité (PAM). Ce dernier avait obtenu 6.015 sièges, soit 21,7% du total. Le PJD (Parti de la justice et du développement) qui se trouve à la tête de la majorité gouvernementale depuis sa victoire dans les Législatives de 2011, s'était classé à la sixième position après l'obtention de 1.513 sièges, soit 5,5%. Les deuxième et troisième positions étaient revenues respectivement au parti de l'Istiqlal (5.292 sièges) et le Rassemblement national des indépendants (4.112 sièges). De son côté, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) avait obtenu quelque 3.226 sièges (11,6%). Quant au Mouvement populaire, les résultats définitifs lui avaient donné 2.213 sièges (8%). Enfin, l'Union constitutionnelle et le Parti du progrès et du socialisme avaient respectivement obtenu 1.307 et 1.102 sièges. A noter que le taux de participation général avait atteint les 52,4%. Au cours des élections du 4 septembre, tous les partis politiques espèrent améliorer leurs scores. Le PJD espère ainsi confirmer sa bonne santé depuis 2011 et surtout préserver son alliance gouvernementale avec le RNI, le MP et le PPS. Quant aux forces de l'opposition, notamment le PAM, l'USFP et l'Istiqlal, elles espèrent remporter une victoire pour mieux aborder les élections législatives prévues avant la fin de 2016.