C'est officiel. La Samir arrête ses activités de raffinage à compter de ce vendredi 7 août. Les professionnels du secteur de la distribution des hydrocarbures disent avoir été avisés dans ce sens. Pour autant, auprès du GPM, l'heure n'est pas à la panique. «Nous avons pris toutes nos dispositions pour que le marché soit approvisionné normalement», rassure un professionnel. Maintenant les questions fusent de partout quant aux causes de cet arrêt. Selon des sources dans le secteur, elles sont essentiellement d'ordre financier. La Samir doit plus de 10,5 milliards DH rien qu'à l'Etat en la personne de l'administration des douanes. Pour le seul mois d'août, le raffineur doit poser sur la table 2,5 milliards DH. Or, la Samir semble ne pas disposer des capacités financières pour faire face à ces échéances sans parler des arriérés vis-à-vis de ses fournisseurs. Du coup, la Samir n'a même plus la capacité de payer ses importations de pétrole brut destiné au raffinage. D'où donc la décision d'arrêter sa production. Cet arrêt est-il temporaire ou risque-t-il de durer ? Dans un communiqué officiel de la Samir, cette dernière, tout en confirmant ses difficultés financières et l'arrêt de certaines unités de production, laisse entendre qu'une reprise serait possible vers la mi-août. Néanmoins, dans le secteur on ne se fait pas trop d'illusions dans ce sens. De même que du côté du CDVM, ce communiqué très bref de la Samir n'est visiblement pas suffisant puisque dès le jeudi 6 août la valeur a été suspendue de la cote officielle dans l'attente d'une communication plus claire et officielle de la part de la société. Maintenant au-delà de la situation actuelle, l'autre question est de savoir ce qu'il adviendra de la Samir pour les mois à venir. Si l'activité raffinage ne reprend pas, ce qui est pour certains très plausible, quelles solutions a-t-on prévu pour y parer? Quid de l'entreprise elle-même et de sa continuité ? Quelles sont les réelles intentions de l'actuel actionnaire, le saoudien Corral Petroleum holding ? Un actionnaire que beaucoup de professionnels du secteur tiennent justement pour premier et seul responsable de la situation actuelle. Tentera-t-il un énième sauvetage sachant qu'il n'y a pas si longtemps, en avril 2015, une grosse opération de restructuration des dettes, portant sur plus de 3 milliards DH, avait fait l'objet d'une convention avec la Banque centrale populaire? Si un tel sauvetage n'est pas possible, que compte faire l'Etat marocain dans la mesure où il s'agit de la seule raffinerie du pays ? Dossier à suivre... C'était prévisible depuis au moins 2011…
La descente aux enfers de la Samir a commencé en 2011 déjà. Cette année-là, en effet, le résultat net de la société est brusquement tombé de moitié passant de presque de 836 millions DH en 2010 à 434 millions DH à fin décembre 2011. Dans les années qui suivent, la chute va se poursuivre puisque en 2012, puis en 2013, le résultat net affichait respectivement 350 puis 320 millions DH. Puis fin 2014, comme on s'en rappelle, l'ampleur de la catastrophe apparaît au grand jour. Le management de la Samir, étant donné que la société est cotée en Bourse, commence très tôt à préparer le marché à travers, notamment, un profit warning. La nouvelle finit par tomber : le raffineur annonce pour l'exercice 2014 une perte gigantesque de 3,4 milliards DH. Voilà pour ce qui est des chiffres.