Considéré comme l'un des fondateurs de la modernité artistique au Maroc, le grand artiste-peintre marocain est décédé, en septembre 2014, à l'âge de 80 ans, dans sa ville natale, Marrakech. Pour saluer son âme et en reconnaissance de son parcours artistique, la Fondation du forum d'Asilah a rendu, mardi 4 août, un vibrant hommage posthume à cet ancien habitué du Moussem de la ville, depuis sa création en 1978. Cet événement- qui se déroulait dans le cadre de la trentième session de l'Université d'été Al-Moutamid Ibn Abbad et sous le thème «Espace de créativité» -a réuni une pléiade d'artistes-peintres, de critiques d'art, d'historiens et chercheurs en muséologie et commissaires d'exposition marocains et étrangers. «Farid Belkahia était non seulement un artiste novateur, mais aussi un acteur culturel et un initiateur de projets», souligne Farid Zahi, critique d'art et directeur de l'Institut universitaire de la recherche scientifique (de l'Université Mohammed V de Rabat). Diplômé en 1959 de l'Ecole nationale supérieure des Beaux arts à Paris, Farid Belkahia a dirigé, pendant la période 1962-1974 l'Ecole des Beaux-arts de Casablanca, où il a laissé son empreinte dans le développement du savoir-faire et la créativité chez les générations futures d'artistes peintres et de chercheurs en art contemporain. «Le défunt n'a eu de cesse de militer pour un art marocain empreint de sa propre culture et sa propre identité. L'universel pour lui s'inscrit dans le local et l'art est une exploration permanente de l'infinie richesse de l'homme», explique M. Zahi. Ayant réussi grâce à son œuvre à marquer les arts plastiques au Maroc, Farid Belkahia a mérité d'intégrer tôt la cour des grands pionniers de la scène artistique contemporaine marocaine, tels que Jilali Gharbaoui, Mohamed Chabaâ, Mohamed Melehi et Ahmed Cherkaoui. «Son parcours était une exploration incessante de la matière et de ses significations plurielles, matérielle, spirituelle et interhumaine. Du cuivre à la peau, il a rendu hommage à sa culture et sa tradition à travers une série d'œuvres dédiées à Al Idrissi, à Jérusalem et bien d'autres figures et lieux emblématiques de notre culture», ajoute M. Zahi. Les participants à cet événement ont convenu que Farid Belkahia mérite une série de colloques pour pouvoir étudier l'ensemble des œuvres de ce grand artiste au parcours multiple. Comme c'est le cas de Mohamed Rachdi, critique d'art, qui est en train de préparer un livre intitulé «Belkahia, la main fertile». «La main a accompagné Belkahia depuis ses débuts et jusqu'à sa mort en 2014. Il en a fondé son activité créatrice», dit-il, faisant remarquer que Belkahia aimait répéter que «l'art doit se développer sur le sillage de l'artisan (Maâlam)». Grand habitué de son vivant du Moussem d'Asilah, Farid Belkahia a contribué à la mise en place de l'atelier de gravure, une des activités principales de cet événement annuel. Il figurait en 1978 parmi les artistes participants à la réalisation des premières peintures murales de l'ancienne médina de la ville Blanche. Grand amoureux d'Asilah, il lui a offert, en 1990, le design de la chaussée de la Place Léopold Sédar Senghor, située en plein centre-ville.