C'est un ministre de la santé satisfait qui s'est adressé à la presse hier, mercredi, lors de la conférence de présentation du bilan annuel de son département. Pour la quatrième année consécutive, El Houssaine Louardi a tenu à communiquer sur les exploits et les échecs du secteur de la santé pendant son mandat. «Le bilan de cette année est très positif», a-t-il déclaré. Le Ramed était l'un des axes principaux de l'exposé du ministre. Celui-ci a affirmé qu'aujourd'hui 28% des Marocains disposaient de ce type d'assurance maladie. Le taux d'accès aux consultations et hospitalisations des détenteurs de la carte Ramed a augmenté de 56% en 2014, tandis que l'accès aux hôpitaux a augmenté de 64%. «Cela ne veut pas dire que le système ne souffre pas de dysfonctionnements», a noté M. Louardi, rappelant que l'équipement des hôpitaux était l'un des principaux freins au développement des services sanitaires au Maroc. Le ministre a saisi l'occasion pour annoncer une promesse de 945 millions de dirhams de la part du ministère des finances afin d'équiper les hôpitaux publics. Le ministre, ex-doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca, n'a pas manqué de soulever la question de l'avant-projet relatif au service sanitaire obligatoire qui, depuis qu'il a été annoncé, suscite une vague de contestation parmi les étudiants en médecine. «La plupart de ce qui se dit dans la presse à ce sujet n'est que mensonge», s'est indigné le ministre. Selon lui, ce projet devrait garantir l'égalité des chances puisqu'il fixera la période que les médecins et autre personnel sanitaire passeront dans les zones rurales. Louardi a, par ailleurs, nié que ces médecins soient privés de résidanat ou qu'ils ne bénéficient pas de couverture médicale. «Les médecins généralistes effectuant leur service sanitaire obligatoire recevront le salaire d'un médecin généraliste. Les médecins spécialistes celui d'un médecin spécialiste. De plus, ils recevront des primes de dédommagement pour travail dans des zones difficiles», a assuré le ministre, précisant toutefois qu'il ne s'agissait que d'un avant-projet qui pourrait faire l'objet de modifications. Le budget alloué à ce projet avoisine, selon le ministre, un milliard de dirhams. Le ministre n'a, néanmoins, pas manqué de citer ce qu'il considère comme des échecs durant cette année. «Nous n'avons toujours pas su pallier le manque accru de ressources humaines dont souffre le secteur», a déclaré El Houssaine Louardi. La mise en place d'un système informatique centralisé pour les hôpitaux est également l'un des points que Louardi aurait voulu accomplir. L'absence de ce système pose des problèmes de taille en ce qui concerne l'évaluation du budget du Ramed puisque, dans plusieurs hôpitaux, il n'existe pas de système de facturation. «La question des déchets hospitaliers pose également problème», a déclaré le ministre. «Nous tentons malgré tout d'y faire face à travers l'achat, cette année, de broyeurs et de machines nécessaires à cela», a-t-il ajouté, précisant que ces dépenses sont incluses dans le budget 2015 du département. Enfin, M. Louardi a estimé que son département ne donne toujours pas assez d'importance au monde rural. «Nous avons fait beaucoup d'effort, avec, notamment, la création pour la première fois d'un hôpital mobile, mais ceci n'est pas suffisant», a-t-il noté. Louardi : «Dans deux jours, Bouya Omar sera de l'histoire ancienne» Exploit par excellence de El Houssaine Louardi durant son mandat, l'évacuation du mausolée Bouya Omar, dans la région de Kelaat Sraghna, n'a pas manqué de trouver sa place dans le bilan du ministre. Louardi s'est ainsi adressé à ses détracteurs, assurant qu'il n'aurait pas pu attendre plus avant cette prise de décision. «J'ai rencontré une personne qui était enchaînée depuis 19 ans à Bouya Omar. Ce sont des citoyens marocains détenus de force», a-t-il martelé, avant de trancher: «Non, nous ne pouvions pas attendre plus longtemps». Le ministre a, toutefois, avoué que la démarche avait été difficile, nécessitant des moyens humains et matériels importants. El Houssaine Louardi a, en outre, assuré que «dans deux jours, Bouya Omar sera de l'histoire ancienne», ajoutant que, dans une phase ultérieure, le ministère s'attaquera à d'autres mausolées du même type. «Un parlementaire avait déclaré qu'au Maroc il y a plusieurs Bouya Omar, je sais qu'il a raison, mais il fallait bien commencer quelque part», a affirmé le ministre, assurant que l'ensemble de l'initiative «Karama» ne cachait aucun calcul politique. Quand le Maroc tient tête à un laboratoire pharmaceutique américain Bien plus qu'une bonne nouvelle pour les malades souffrant d'hépatite C, il s'agirait d'une réelle lueur d'espoir. Selon le ministre de la santé, El Houssaine Louardi, un laboratoire pharmaceutique américain aurait mis en place un nouveau médicament assurant un traitement plus efficace de ce type d'insuffisance hépatique. Seul hic: ce médicament coûte un million de dirhams. «Nous avons adressé une demande au laboratoire en question, qui a refusé de nous envoyer le médicament générique correspondant parce que, pour une raison qui nous échappe, ils considèrent le Maroc comme un pays riche», a expliqué le ministre de la santé. Le Maroc aurait alors adressé une plainte aux autorités américaines pour enfin arriver à une solution définitive. «Le Maroc produira lui-même, dans ses laboratoires, ce nouveau médicament», a annoncé Louardi. «Et il ne coûtera que 3.000 dirhams», a-t-il ajouté. De plus, ce médicament sera entièrement remboursable par les organismes de couverture médicale. «Je promets aux Marocains qu'ils pourront bénéficier gratuitement de ce médicament», a assuré le ministre. M. Louardi n'a, toutefois, pas voulu s'attarder sur les détails ni les délais de cette question avant d'avoir des réponses concrètes. Affaire à suivre.