C'est, du moins, l'avis du gouvernement. Le ministre de la communication, Mustapha Khalfi, qui avait annoncé vouloir saisir la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a mis ses menaces à exécution. Son département a rendu publique une lettre envoyée par le chef de gouvernement, Abdel-Ilah Benkiran, à la présidente de la HACA, Amina Lemrini El Ouahabi, suite à une proposition du ministère de la communication. Dans ce document de quatre pages auquel ont été joints des extraits du passage de la chanteuse portoricaine sur la scène de l'OLM Souissi du festival Mawazine à Rabat, le chef de l'exécutif détaille les textes de loi et différentes législations que viole la diffusion du concert sur 2m. Selon le gouvernement, le concert ciblait le public jeune et portait atteinte à la dignité de la femme. «La soirée comportait des scènes à connotation sexuelle qui nuisent à la pudeur et aux valeurs religieuses et morales de la société marocaine, et qui choquent le téléspectateur», peut-on lire sur la lettre du chef de gouvernement, notant qu'il s'agit là d'une violation flagrante de la Constitution du Royaume. Abdel-Ilah Benkiran évoque l'article 165 de la Constitution qui stipule que «La Haute autorité de la communication audiovisuelle est une institution chargée de veiller au respect (…) du droit à l'information dans le domaine de l'audiovisuel et ce, dans le respect des valeurs civilisationnelles fondamentales et des lois du Royaume». Dans ce même sillage, la lettre de Benkiran cite également les articles 3, 9 et 48 de la loi 77.03 relative à la communication audiovisuelle et l'article 55 du cahier des charges de Soread 2M qui interdit à la chaîne de diffuser des «scènes à connotation sexuelle». Le document évoque, par ailleurs, le principe de jurisprudence en rappelant les divers cas similaires où la HACA était intervenue auprès de radios privées. Au final, que veut l'exécutif ? Que cette affaire soit présentée devant le conseil de la HACA pour que des sanctions soient prévues à l'encontre de 2M. En attendant la réaction des sages, affaire à suivre.