Légalisation du kif, histoire de la lutte anticoloniale dans la région et failles du gouvernement actuel, le numéro deux du Parti authenticité et modernité (PAM) ne manquait pas d'arguments pour séduire les habitants de la ville de Chaouen. La rencontre, organisée samedi dernier par le bureau régional du parti, était l'occasion pour le secrétaire adjoint du PAM de lancer ce qui avait tout l'air d'une campagne électorale avant l'heure. «Notre gouvernement est le seul au monde qui parle plus qu'il n'écoute», a avancé Ilyas Omari, reprochant au chef de gouvernement de ne pas être à l'écoute des citoyens. Rappelant que Abdelilah Benkirane n'a jamais visité la ville de Chaouen, Omari a souligné que «jamais le chef de gouvernement n'a visité une ville pour rencontrer ses habitants, écouter ce qu'ils ont à dire et recueillir leurs doléances». Le secrétaire adjoint du PAM a, par ailleurs, affirmé que la région qu'il a choisi d'appeler «méditerranéenne», incluant le Rif et les villes du pourtour méditerranéen, a toujours souffert de discrimination, évoquant des arrestations arbitraires et les préjugés liés à la culture du cannabis. «Les habitants de cette région sont toujours considérés comme coupables jusqu'à preuve de leur innocence», a-t-il martelé, confiant à l'assistance que dans sa jeunesse, il faisait souvent l'objet de contrôles policiers à cause de son numéro de carte d'identité nationale ou de la plaque d'immatriculation de sa voiture (Ilyas Omari est originaire du Rif, ndlr). «Les habitants de cette région sont considérés comme des citoyens de troisième degré (…) et nous n'accepterons pas qu'il y ait des citoyens de première, de deuxième ou de troisième degré, ni ici ni dans aucune des régions du Maroc», a-t-il ajouté. Dans ce même sillage le PAMiste a relevé que les interventions des autorités sont très rapides lorsqu'il s'agit d'affaire de kif, et beaucoup moins lorsque la santé des citoyens est en jeu. A ce propos, Ilyas Omari a rappelé que le PAM avait tenu à appliquer les recommandations de la rencontre menée plus tôt par Hakim Benchemass, l'autre figure du parti. «Nous avons présenté deux propositions de loi au Parlement. La première concerne la légalisation de la culture du kif et la deuxième la grâce pour tous les agriculteurs poursuivis dans des affaires de ce type», a-t-il noté. Contrastant avec l'image constamment liée à la culture du cannabis, Ilyas Omari a rappelé le passé de lutte anticoloniale de la région. Sans manquer d'évoquer l'icône de la résistance marocaine Abdelkrim El Khattabi, le numéro deux du PAM a également rappelé que Chaouen était le centre de la région. «La marginalisation dont souffre la région n'est pas liée au kif, elle remonte à plus loin. Pourtant, l'histoire peut témoigner du combat et de la lutte de ses habitants», a-t-il déclaré.