Bonne nouvelle à l'ouverture de la huitième édition des Assises de l'agriculture à Meknès. La production céréalière au titre de la campagne 2014-2015 a pulvérisé tous les records. A l'inauguration de cette grande manifestation marquée par la présence du président sénégalais Macky Sall, Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture et de la pêche maritime, a annoncé, hier à Meknès, que la production prévisionnelle des trois céréales principales est estimée à 110 millions de quintaux au titre de la campagne agricole 2014-2015. Les estimations font état d'une répartition de la production pour cette année entre les trois céréales principales de 55 millions de quintaux de blé tendre, soit 50% du total de la récolte céréalière, 32 millions de quintaux d'orge (30%) et 22 millions de quintaux de blé dur (20%). A noter que la récolte de la campagne 2013-2014 s'est établie à 68 millions de quintaux, et celle de la campagne 2012-2013 était de 97 millions de quintaux. En annonçant cette excellente nouvelle qui mettra du baume au cœur des agriculteurs marocains, le ministre a aussi saisi l'occasion pour faire le bilan du Plan Maroc Vert. «Grace au soutien de SM le Roi Mohammed VI, le Plan Maroc Vert a permis un dynamisme irréversible et sans précédent du secteur agricole. Depuis 2008, les exportations ont marqué un saut de 34%. Sur la même tendance haussière, la croissance du secteur a été de 7,6% par an depuis 2008. Le Plan Maroc Vert a fortement amélioré le revenu des agriculteurs et a réduit la pauvreté dans le milieu rural», a indiqué M. Akhannouch. En effet, la part de la population souffrant de la malnutrition est passée de l'ordre de 7,1% en 1990 à 4,9% en 2015. Aussi, la part de la population souffrant de la faim en zone rurale a reculé de 4 points, représentant aujourd'hui 0,5% de la population rurale contre 4,6% en 1990. Les efforts menés par le Maroc dans le secteur agricole ont été fortement applaudis par le président sénégalais qui n'a pas raté l'occasion pour féliciter SM le Roi Mohammed VI d'avoir initié un projet aussi ambitieux que le Plan Maroc Vert en invitant les participants à une standing ovation en l'honneur du Souverain. «En abordant le thème de l'agriculture du futur, cet événement pose une problématique essentielle parce que l'agriculture est un besoin vital de l'Homme. En Afrique, nous avons des défis à relever. D'abord, il faut un changement radical de la mentalité et de la perception. Nous devons inverser la tendance pour faire de l'agriculture une source de richesse de la fourche à la fourchette. Il faut aussi des politiques publiques appropriées. Il faut surtout suivre la voie initiée par SM le Roi Mohammed VI pour la promotion de la coopération Sud-Sud», a noté M. Sall. Pour le Plan Maroc Vert, l'année 2014 a été marquée par le lancement d'initiatives majeures ayant trait à la modernisation du secteur agricole en vue de préparer l'agriculture de demain. De prime abord, il y a le renforcement de la gestion des ressources hybrides et de l'irrigation avec près de 2,7 milliards de dirhams investis pour la préservation de la nappe de Chtouka Ait Baha. Et ce sont 4.800 agriculteurs qui ont bénéficié d'un plan de sauvegarde de leurs terres irriguées dans la plaine de Saiss. L'année dernière a été aussi celle de l'amélioration de la traçabilité et de la qualité pour 3 millions de têtes du cheptel bovin et camelin. De plus, 2014 marque l'élargissement de l'assurance agricole à l'arboriculture avec 1 million d'hectares. Le ministre de l'agriculture et de la pêche maritime a aussi mis l'accent sur l'agriculture solidaire. Ainsi, 20.000 petits agriculteurs ont été encadrés en 2014 et plus de 6 milliards de dirhams ont été collectés auprès des bailleurs de fonds. Par ailleurs, le Plan Maroc Vert entame une nouvelle phase qui vient confirmer ses aspirations stratégiques. En effet, la période 2015-2020 sera marquée par des nouveautés aussi bien sur le pilier I que sur le pilier II ( encadré). Pour atteindre les objectifs du Plan Maroc Vert à l'horizon 2020, le ministre a identifié 10 batailles dans quatre domaines. Le premier domaine, concernant le pilier I, est axé sur l'ajustement et la redynamisation. Ainsi, il est question d'un meilleur ciblage de la politique de subvention du FDA, d'une amélioration du cadre des partenariats public-privé pour la mise en valeur des terres agricoles et d'une accélération du développement de l'agro-industrie. Pour le pilier II, les mots d'ordre sont l'innovation et la pérennisation. Et ce à travers le développement de la finance de proximité, une approche agressive dans la collecte de fonds concessionnels et la mise en place d'un écosystème de déploiement en termes d'assistance technique. Le troisième domaine est relatif aux moyens mobilisés. Pour ce volet, la bataille sera menée sur le front de la défense avec trois axes. La mobilisation d'un capital foncier, la sécurisation des ressources budgétaires et la pérennisation des ressources hydriques. Le quatrième et dernier domaine est centré sur le ciblage et la concrétisation avec cette fois-ci d'une bataille sur le champ institutionnel et régulatoire comprenant 10 cibles (encadré). Les Assises ont également été marquées s par la signature de plusieurs conventions. Pour le doublement des exportations agricoles Pour le pilier I du Plan Maroc Vert pour la période 2015-2020, il s'agit de l'identification d'un nouvel enjeu majeur, à savoir la réussite du virage de l'agroalimentaire. Pour cela, de nouveaux objectifs ont été identifiés. En premier lieu, il y a l'accélération des investissements avec notamment la multiplication par 2 à l'échéance 2020 des investissements orientés vers l'aval. Il y a également la rationalisation du périmètre irrigué pour in fine augmenter la valeur ajoutée des terres de plus de 4.000 DH/ha. Tout cela avec l'objectif de doubler les exportations agricoles. Vers la création de plus de 10.000 coopératives agricoles Pour la période 2015-2020, le Plan Maroc Vert a prévu pour son pilier II des objectifs aussi ambitieux que le pilier I. Ainsi, il est question de pérennisation des acquis et de consolidation pour multiplier par 2 les revenus et rendements des projets initiés dans le cadre de l'agriculture solidaire. Pour les cinq années à venir, il s'agit aussi de développer de nouveaux projets adaptés à l'extrême ruralité et faire reculer la pauvreté en milieu rural. Et tout en poursuivant la structuration de la petite agriculture, les efforts seront focalisés sur la création de plus de 10.000 coopératives agricoles. Une bataille institutionnelle et régulatoire Une bataille institutionnelle et régulatoire Pour compléter la dynamique enclenchée par le Plan Maroc Vert à l'horizon 2020, le ministère de tutelle a identifié 10 batailles sur divers domaines. Sur le champ institutionnel et régulatoire, le plan sera déployé sur 11 axes : 1. Contrat cadre avec le ministère de l'intérieur pour la mobilisation des terres collectives agricoles. 2. Loi pour la mise en valeur des terres. 3. Mise en œuvre de 2 projets structurants dans le cadre de PPP 4. Mise en place de l'autoroute de l'eau 5. *Réforme du cadre juridique régissant les marchés de gros et abattoirs 6. Lancement à l'échelle de projets phares 7. Contrat cadre avec la grande distribution nationale 8. Mise en place de plates-formes d'exportation intégrées multi-filières 9. Accès systématique au financement bancaire 10. Renforcement des interprofessions clés 11. Interactions avec le système bancaire-financier Plus de 6 milliards DH pour la filière lait Aux Assises, le gouvernement du Maroc, représenté par Mohamed Boussaïd, ministre de l'économie et des finances, et Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture et de la pêche maritime, a procédé à la signature d'un contrat programme avec la Fédération interprofessionnelle marocaine du lait (FIMALAIT). Doté d'une enveloppe budgétaire de 6,6 milliards DH, ce contrat programme couvrant la période 2015-2020 vise le renforcement du rôle de la filière lait dans la garantie de la sécurité alimentaire, l'encouragement de la valorisation de la production de la filière pour une meilleure valeur ajoutée ainsi que la diversification de l'offre destinée au consommateur. Ce contrat programme permettra à terme la création de plus de 40.000 emplois directs et une augmentation significative de la production de lait de 2,4 à 4 milliards de litres. Plus de 930 millions DH pour la valorisation des déchets issus du secteur oléicole Une convention rentrant dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement durable pour le secteur agricole a été signée lors de la 8ème édition des Assises de l'agriculture par M. Boussaïd , M. Akhannouch et Hakima El Hiti, ministre déléguée auprès du ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, chargée de l'environnement. Dotée d'une enveloppe budgétaire globale de 933 millions DH, cette convention porte sur la réalisation de projets de valorisation des déchets issus du secteur oléicole avec pour principaux objectifs la valorisation de 730.000 tonnes de grignons humides, soit près de 80% du volume total de grignons humides produits en 2020 et l'épandage de 900.000 tonnes de margines, soit près de 80% du volume total des margines produites en 2020. Il convient de noter que la réalisation du programme de valorisation des déchets oléicoles favorisera le développement de 6 filières qui produisent près de 600 millions DH par an et créent plus de 1.500 emplois.